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Publié par andika

Souvent, on s'égare quand on parle de cinéma. Les metteurs en scène se perdent dans des ambitions démesurées alors que finalement, il s'agit de choses très simples. Premièrement, on raconte une histoire. Ensuite, au cinéma, il s'agit aussi de le faire de façon visuelle pour que les images qui défilent par 24 à la seconde, impriment.

Jacques Audiard y parvient avec une confondante facilité dans son dernier film, Emilia Perez, en adoptant le genre de la comédie musicale, pour conter une fable, un drame mais avant tout une histoire hors normes.

Et pourtant, de prime abord, on peut approcher de ce film avec certains préjugés. Voici un film dont le protagoniste est un personnage transsexuel, qui évolue dans une comédie musicale. Et quand on sait ce que le genre signifie pour la communauté LGBT, on se dit qu'il y a des chances d'être devant une œuvre purement militante.

Il n'en est rien. Tout sert l'histoire à merveille. Et Audiard n'est intéressé que par son histoire, et la meilleure façon de nous la raconter. Il se trouve juste qu'il s'agit de l'histoire d'une femme dénommée Emilia Perez, qui est née homme, du nom de Manitas, narco trafiquant mexicain excessivement violent.

Et chaque chanson est une brique qui vient s'ajouter à cette histoire. Comme celle des vendeurs ambulants de la nuit mexicaine, à la première chanson de Rita (épatante Zoé Saldana), qui raconte sa frustration dans son métier d'avocate sous employée.

Les transitions entre les scènes parlées et les scènes chantées sont toujours à propos, et on a toujours le temps d'être ému. Surtout par la performance inouïe de Karla Sofía Gascón, qui commence donc en homme viril, pour s'achever au pinacle de la féminité et de l'humanité en Emilia Perez. Sa présence à l'écran est magnétique, ses yeux bleus attirent la caméra (même dans les scènes de nuit du début). Et on observe cette transition lentement, du criminel sanguinaire, à cette femme, activiste pour la recherche des personnes disparues au Mexique.

Le scénario laisse peu de place au doute quant à l'issue dramatique où mène cette histoire. Et pourtant, il fait en sorte qu'on s'attache à ces personnages, notamment celui de Jessi (sublime Selana Gomez, dans un espagnol parfait, mais surtout au chant), qui au fur et à mesure gagne beaucoup en profondeur.

La mise en scène est d'une indéniable poésie dans les chorégraphies mais aussi dans les mouvements de caméra, dans le traitement de la lumière mais également, dans la direction artistique et les décors. Il en résulte un film totalement réussi, dans le fond et dans la forme, qui nous offre une histoire hors normes, profonde, et riche en émotions. Jacques Audiard a encore réussi son coup.

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F
En effet, l’histoire de cette femme transgenre est racontée de manière élégante et pudique. Selena Gomez m’a un peu déçu en revanche, moi qui allais voir le film en partie pour elle.
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A
Le rôle de Selena Gomez n'est pas très important et on ne lui donnait pas tant que cela à faire. Cependant, j'ai beaucoup aimé ses parties chantées, et l'émotion qu'elle amenait à la toute fin, découvrant la gravité de la situation.