Silence (2016): L'intimité de la foi
J’ai enfin vu Silence de Martin Scorsese ce week-end et ce film m’a retourné. Deux jésuites (Rodrigues et Garupe) partent en mission au Japon afin de retrouver leur mentor, le père Fereira, qui aurait renoncé à la foi chrétienne et adopté le mode de vie japonais. Comment la foi catholique part de l’idée d’évangélisation avant de se confronter au mur japonais et redevient par la suite une histoire intime. Confrontée au silence de Dieu devant les atrocités dont ils sont témoins, l’itinéraire des trois prêtres jésuites, chacun brisé à leur façon, est un véritable chemin de croix. Scorsese filme un Japon brumeux, livré à la nature et au grand inquisiteur qui agit sans pitié contre le désordre instauré par la religion catholique sur les îles. Le thème de la religion est récurrent chez ce réalisateur et il en tire ici la quintessence. Loin du prosélytisme, de l'affichage racoleur de sa piété, il s'emploie à détruire les icones, à faire apostasier des prêtres, à questionner la vérité que ces derniers pensent révéler au monde. Et ce par la souffrance, le recueillement, la confrontation d'idées mais surtout, l'épreuve spirituelle qui fait abandonner l'orgueil pour arriver à s'abandonner à soi-même et forger sa propre conviction.
Mais au final, ce film est aussi un chemin de résilience et démontre la force de la foi qui peut se vivre de façon diverse. Nesson, Garflied et Driver sont immenses. Le premier en père Fereira, vieux sage désabusé, qui montre le chemin pour atteindre la paix. Le deuxième, fougueux Rodrigues, vivant sa foi avec ferveur et voulant se fondre dans le Christ, en revient à être questionné dans ses conviction. Enfin, Garupe, le dernier, rigide dans ses convictions et en opposition frontale à son environnement.
Silence est un film qui ne laisse pas indifférent et continue à hanter le spectateur. En silence, mais bruyamment dans l'intimité de son cœur, de sa spiritualité et de ses convictions.