Un espion ordinaire : L'amitié chaude
Lorsqu'on voit la bande annonce d'Un espion ordinaire, on se dit qu'il y a une petite redondance avec Le Pont des espions de Spielberg sorti en 2015. A savoir l'histoire d'un civil occidental qui doit passer du temps derrière le rideau de fer afin de régler des affaires de son gouvernement. Et pourtant, le film de Dominic Cooke diffère radicalement.
Le thème principal n'est plus l'échange d'espions, le procès d'un espion soviétique capturé aux Etats-Unis, et celui d'espions américains capturés en URSS. Non, ici, le thème principal est la relation d'amitié qui va se nouer entre Penkovsky (superbe Merab Ninidze, au russe parfait) haut gradé soviétique, et Wynne (Benedict Cumberbatch égal à lui-même dans l'excellence), commercial britannique.
La danger à prévenir n'est rien de moins que la guerre nucléaire. Penkovsky, inquiet des idées belliqueuses de Khrouchtchev fait défection de l'URSS afin de prévenir l'irréparable. Histoire inspirée de faits réelles, elle nous plonge dans les coulisses de la crise des missiles du Cuba. Le propos ici n'est pas la confrontation entre les blocs communistes et capitalistes, mais bien de savoir comment œuvrer concrètement pour le bien commun, en se libérant justement de l'idéologie.
Et c'est ici que les personnages deviennent attachants. Ils sont tous confrontés à des dilemmes et agissent tous pour faire ce qui est juste, parfois même au détriment de leur propre sécurité. Penkovsky trahissant la révolution. Wynne, sortant de sa vie paisible et confortable de commercial afin de servir son pays au premier front (contrairement à son expérience dans l'armée pendant la guerre qui s'est déroulée à l'arrière). Le personnage de l'agent de la CIA Emily Donovan (excellente Rachel Brosnahan pleine de charme et de force) y est également confrontée. Et l'on constate que la hauteur morale peut accomplir beaucoup de choses. Même face au plus cruel des régimes.
Enfin, ce film ne manque pas d'humour (comme lorsqu'on assiste à la beuverie des russes, la première rencontres de Wynne avec les services secret, la manière détachée de Penkosky d'annoncer le tarif à Wynne en cas d'arrestation, à savoir deux ans), ce qui ne gâche rien au bon moment que l'on passe devant. Même si le thème a souvent été abordé, il est revisité ici au travers d'un angle passionnant. Ce qui fait de ce film une franche réussite.
1960. Modeste représentant de commerce anglais, Greville Wynne se retrouve plongé au cœur de la guerre froide. À la demande du MI-6 et de la CIA, il noue une alliance aussi secrète que périll...
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