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Publié par andika

Je n'ai pas pour habitude de traiter des séries télévisées ici mais au vu des circonstances, cela revêt un intérêt nouveau pour moi. C'est que, j'en regarde tellement, il y a tellement d'épisodes que je trouve qu'un seul petit article pour rassembler mes impressions, cela fait peu. Cependant, ce n'est pas la taille qui compte et même en peu de mots, je peux restituer l'impression que m'a faite une série.

 

Une adaptation d'une série israélienne

Le programme qui nous occupe aujourd'hui est En Thérapie, récemment diffusée sur Arte. Il s'agit de l'adaptation par Éric Toledano et Olivier Nakache de la série israélienne “BeTipul”. Nous devions à ces deux réalisateurs le fameux film Intouchables en 2011. Cette série avait déjà fait l'objet d'une adaptation américaine, et si j'en crois les échos, les adaptations ne s'écartent pas tellement de l'originale au niveau de l'intrigue et des rebondissements.

Cependant, en tant que bon français, je m'intéresse davantage à notre version nationale. La France étant en effet un haut lieu de psychanalyse avec notamment la fameuse Société psychanalytique de Paris, fondée en 1926 et dont a été membre, en autres, Lacan.

Mon expérience de la psychanalyse

La psychanalyse pour la faire courte part du postulat que des choses de notre inconscient ont des effets notoires sur notre comportement, nos ressentis, nos humeurs. On peut ainsi diviser notre personnalité en trois entités selon Freud, le fondateur. Le Ça, basique, primaire, qui est ce que l'on désire, sans entrave mais qu'on ne peut pas forcément avoir. Le Surmoi, qui nous empêche parfois d'agir, pour préserver les apparences, ou simplement parce qu'il y a des choses inconscientes qui nous bloquent. Le Moi enfin est la partie de la personnalité assurant les fonctions conscientes. Mais trêve de théorie (absolument pas scientifiquement prouvée d'ailleurs) et entrons dans le vif du sujet.

Cette série me tient à coeur parce que j'ai moi-même fait l'expérience de l'analyse. Pendant cinq ans, de 2015 à 2020. Il est d'ailleurs insolite de remarquer que j'ai libéré ma place dans le cabinet de mon analyste l'année même où les besoins des français en soins ont explosé. Pendant cinq ans, j'avais une séance par semaine, dans le 12ème arrondissement, en face à face. Mon analyste en avait préconisé deux au début, avec le divan mais à 60€ la séance, j'ai préféré ne garder qu'un seul rendez-vous hebdomadaire. Et ma foi, cela n'a pas trop mal fonctionné. Nous parlions de tout et de rien, enfin, c'est surtout moi qui parlait. De ce qui m'était arrivé dans la semaine, d'un prof que j'aimais bien. Des anecdotes du boulot. De mes lectures, je me souviens avoir fondu en larmes en lui racontant l'effet que m'avait fait La Peste de Camus, ou encore la fin des Frères Karamazov de Dostoievski. Du dernier match du PSG (séance mémorable le lendemain de la fameuse remontada en 2017). De l'attentat du 14 juillet 2016. De ceux de novembre 2015. De l'inquiétude que j'avais en février 2020 devant la montée du Covid en Italie bien relatée dans la presse écrite. Chacun de ces événements qui nous ont chacun marqué a trouvé un écho dans le cabinet du Dr B. 

La série

Et justement, la série commence au lendemain des attentats du 13 novembre 2015. Personne n'a oublié cela en France. Et moi-même, j'avais eu une séance peu de temps après ces événements. Nous suivons plusieurs personnages en analyse. Ariane, jeune chirurgienne qui vient consulter Dayan le lundi matin. Dès le premier épisode, on a droit a une séance intense, qui n'oublie aucun cliché de la psychanalyse et pourtant, on entre dedans car les comédiens sont très bons. Mélanie Thierry en Ariane est très intense et Fréderic Pierrot en Dayan a juste le physique de l'emploi. La posture, la voix. Il pourrait ouvrir son cabinet demain qu'il ne désemplirait pas. Le mardi, c'est Chibane. Il est un policier du Raid qui est entré dans le Bataclan, campé par un extraordinaire Reda Kateb. Le mercredi, c'est Camille, jeune sportive un peu agitée. Enfin, le jeudi, nous avons un couple en crise, Léonora (sublime Clémence Poesy) et Damien (excellent Pio Marmai). En disséquant leur vie, on observera à quel point les racines de nos problèmes personnels peuvent être profondes. 

Cependant, même si Dayan aide beaucoup ses patients, rien ne va plus dans sa vie personnelle. Il ne parvient plus à communiquer avec sa femme Charlotte (délicieuse Elsa Lepoivre de la Comédie française). Et du coup, il se retrouve lui même dans le cabinet d'une consoeur, Esther jouée par la toujours exquise Carole Bouquet.

La série ne manque pas de rythme, ce qui pourrait causer problème sachant que l'intrigue avance majoritairement par le dialogue. La mise en scène dans un espace restreint use souvent de plans assez récurrents mais parvient quand même à se renouveler d'épisode en épisode, tant et si bien que visuellement, le tout n'est absolument pas dénué d'intérêt. Même si les rebondissements sont parfois prévisibles, l'écriture garde sa force grâce à des dialogues profonds et un vrai respect du sujet. Bien entendu, les thèmes fétiches de l'analyse ne sont pas occultés, à savoir l'enfance, la mort, le sexe. Malgré cela, la série ne perd jamais en authenticité car les comédiens croient vraiment en ce qu'ils font.

Une série utile pour ceux qui auraient des appréhensions envers cette démarche. Une série assez étrange pour ceux qui sont passés par là. Un gros, une série incontournable.

 

Adaptation

Mon expérience

La série

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