Jack: La déshérence d'un enfant
Il se tient actuellement à Paris, au cinéma l'Arlequin dans le 6ème arrondissement, le 24ème festival du film allemand. Chose très appréciable pour les personnes un peu téméraires comme moi qui ont opté pour l'allemand en première langue en classe de sixième. Depuis, j'ai développé un grand intérêt pour le cinéma allemand. En effet, c'était toujours pour moi l'occasion d'entendre parler cette langue que j'étudiais, et que j'aimais. Et en plus, les films qui parvenaient jusqu'à moi étaient rarement décevants. Tant et si bien que même des années après, je continue à me tenir informé des sorties en langue allemande, et je manque rarement l'occasion d'aller voir ces films. Car les opportunités sont un peu moindre à la télévision de voir des fictions en allemand.
J'ai découvert l'année dernière que ce festival se tenait chaque année à Paris, mais je l'ai appris une semaine trop tard. Cette fois-ci, c'est la bonne, j'ai eu la brochure en avance et j'ai pu anticiper.
Le programmation est riche, entre avant premières et rétrospectives. Sans oublier les courts métrages. Il y a également des rencontres avec des comédiens et réalisateurs. En une semaine, il y a à boire et à manger. Mais quand on bosse à temps plein, il faut faire des choix...
Et le choix s'est porté sur Jack. L'histoire d'un enfant plongé dans monde des adultes. Fils aîné d'une mère célibataire qui ne prend pas son rôle très au sérieux, il se retrouve placé dans un foyer suite à un incident. Ce film est poignant de par sa façon de décrire la détresse sociale. L'impuissance d'un enfant qui se retrouve à porter des responsabilités trop lourdes pour lui. L'absence de la mère (sans même parler du père qui est évoqué furtivement). La façon qu'a la caméra de suivre le petit Jack, à hauteur d'enfant, dans ses pérégrinations, parfois nocturnes, confère à l'ensemble un fort naturalisme et une force expressive. La narration est une suite de longues scènes où l'on est un peu perdu et déboussolé en compagnie de cet enfant qui cherche sa mère et qui se cherche un peu. L'usage régulier de la caméra à l'épaule donne à l'ensemble des airs de documentaires.
Et c'est cet ancrage dans le réel qui est le plus effrayant. On croit à cette histoire. On croit vraiment qu'une mère indigne comme cela puisse exister. Et malheureusement, on a du mal à croire en l'avenir de cet enfant, de cet famille. Et on voit avec peine, un enfant faire des vrais choix d'adulte, à un âge où il devrait être insouciant. Le jeune Ivo Pietzcker porte se rôle de façon magistrale dans le rôle de Jack. Il est très étonnant de constater la justesse de son jeu vu son âge. Porter un tel film sur de si frêles épaules est une performance à saluer. Comme finalement, devenir un peu le parent de ses parents, à un très jeune âge. Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années.