Denial: Le procès du siècle
Denial, improprement traduit par Le procès du siècle en Français est un film excellent. Denial signifie en anglais le déni, le négationnisme et il semble important que le titre du film fasse état de ce paramètre.
On suit l'histoire du procès entre Deborah Lipstadt, une enseignante américaine spécialisée dans l'histoire et plus précisément sur celle de la Shoah, et un écrivain négationniste britannique du nom de David Irving. Ce dernier attaque l'enseignante en diffamation, à Londres, estimant que la remise en cause de ses "travaux" par cette dernière altère d'une manière insupportable sa réputation et l'empêche donc de gagner sa vie.
Le choix du comédien Timothy Spall pour jouer le rôle de l'historien négationniste est très judicieux. Il a vraiment une tête de salaud détestable, ce n'est pas pour rien que c'est l'inoubliable Queuedever de la saga Harry Potter. D'une manière générale, le casting est très satisfaisant, que ce soit Rachel Weisz qui excelle dans le rôle de l'enseignante américaine (bien qu'elle même britannique) ou encore ses deux avocats campés par Tom Wilkinson et Andrew Scott.
Le fait que le procès et donc l'intrigue se déroule à Londres crée un contraste considérable. On va discuter de choses vraiment difficiles mais on va le faire en véritables Gentelmen. Ainsi, la perruque est de rigueur dans la salle d'audience pour l'avocat et pour le juge à qui on s'adresse en disant My Lord. Révérence obligatoire avant l'ouverture de l'audience et bien d'autres traces de l'étiquette qui montrent tout le flegme anglais au moment de traiter de l'horreur.
Mais cette étiquette, ce protocole permettent de garder la distance nécessaire afin de garder la tête froide et d'atteindre son but. En effet, un procès n'est pas une thérapie et ce film le montre bien. Ainsi, le combat de Déborah Lipstadt se fera en silence, sans l'aide des survivants des camps à la barre. En effet, c'est ici l'affaire des avocats, du demandeur et du juge. La charge de la preuve étant inversée, ce sont les avocats de la défenderesse qui devront prouver qu'elle dit vrai au sujet de Irving et de son négationnisme. Pour cela, ils devront être sa conscience, sa voix mais ils devront également passer au crible les écrits et les motivations de ce David Irving. Un moment incontournable est la visite de Auschwitz, où le réalisateur montre les choses tout en sobriété agrémentant les images d'un certain silence qui permet le recueillement. Mais cette prise de distance n'empêche pas l'émotion de faire irruption à certains moments.
Plus que le procès du négationnisme, c'est l'historie d'une rencontre entre cette enseignante et ses avocats, de réunions de travail autour d'un verre et de sandwichs, d'échanges philosophiques sur la condition humaine, sur ce que chacun aurait fait à l'époque, sur la meilleure manière de faire éclore la vérité. Devant ce film, on se rend compte que le camp du bien peut parfois l'emporter et que ce n'est que justice. Ce film offre un message d'espoir et d'optimisme, en effet, il ne sera jamais possible d'oublier ou de nier impunément et dans les temps qui courent, c'est un message assez important.