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Publié par andika

Samedi 13 février 2016, j'ai assisté à mon deuxième spectacle de la saison à l'Opéra de Paris. Cette fois-ci, c'était à Garnier et il s'agissait d'un ballet, une grande première pour moi. J'ai adoré, bien que de ma place, je ne pouvais pas voir le plafond de Chagall et que les sièges de Garnier soient quelque peu exigus.

Toutefois, j'avais vraiment l'impression d'être in, en effet, l'opéra de paris a énormément fait parler de lui ces derniers temps, notamment à cause de la démission de son célèbre directeur de la danse, Benjamin Millepied. Du coup, l'actualité était un peu chaude, de quoi faire quand même un petit événement.

Le programme comprenait trois ballets, tout d'abord Tombe, une création de Jérôme Bel, puis La nuit s'achève d'après une chorégraphie de Benjamin Millepied et enfin, les Variations Goldberg sur une chorégraphie de Jerome Robins.

Tombe

C'est surtout grâce à cette oeuvre que j'ai intitulé mon article le ballet pour tous. Il n'y a personne sur scène au début, on entend juste des voix. Le danseur nous explique ce qu'est l'opéra de paris, le ballet, comment ça se passe puis il nous détaille de quoi s'agit cette oeuvre. C'est en réalité un projet qui conduit trois danseurs de l'opéra de Paris à prendre une partenaire qui n'a rien à voir avec l'opéra ou le ballet, afin de danser avec elle sur scène. Et c'est prodigieux ! (D'ailleurs, blague à part, le premier danseur avait au départ eu l'idée d'inviter Christiane Taubira)

Le premier danseur est celui qui nous parle, il arrive à un moment accompagné de son invitée qui s'appelle Enda Traoré, c'est la caissière du supermarché où il va faire les courses. On assiste alors à un dialogue, il décrit le décor, comment on peut en changer. Il lui parle également de la régie, des projecteurs qui éclairent les danseurs, il parle également du public, s'adresse à nous, nous salue. Le haut des gradins est surnommé le paradis, la bas le parterre, beaucoup d’anecdotes amusantes. Par exemple, Enda se demande si le bas ne devrait pas s'appeler l'enfer puisque le haut est le paradis... Il explique également quel est ce ballet qu'ils sont sensés danser. Le décors correspond au ballet Gisèle, tout part de là, ou plutôt tout en dérive car on n'en conservera pas l'histoire. A un moment, l'envie de danser prend Enda. A l'aide de son IPhone, elle passe une musique qui lui plait. Un rythme africain, lent mais dansant, et elle danse seule au milieu de la scène avant d'être rejointe par le danseur du ballet. Ils nous livrent par la suite un duo très intéressant, en s'échangeant notamment le foulard de Enda.

Puis le deuxième couple arrive. Cette fois-ci, on a un danseur costumé, tout à fait dans la tradition du ballet et de l'opéra de Paris. Il est rapidement rejoint par une danseuse, également costumée mais elle a la particularité d'être en fauteuil roulant. En effet, cette jeune femme est unijambiste ! Cela ne l'empêchera nullement de danser et de nous faire vivre un moment très intéressant.

Enfin, au lieu d'avoir un troisième couple, on voit arriver un danseur seul sur la scène. Il avait invité Sylviane, 84 ans, passionnée de ballet et qui fréquentait l'opéra de Paris depuis des années et des années. Cela lui avait semblé naturel de l'inviter, lui donner l'opportunité d'apparaître au moins une fois sur scène. Malheureusement, son état de santé s'étant détérioré après les répétition, elle n'était plus en mesure de venir danser. Qu'à cela ne tienne, on nous a diffusé une vidéo des répétitions et finalement, l'effet était tout aussi intéressant. D'ailleurs, dans cette vidéo, on a eu l'occasion de voir le chorégraphe, Jérôme Bel. En gros, cette chorégraphie consistait en ce que le danseur aille chercher Sylviane dans le public puis après quelques pas de danse, prenne sa place au sein des spectateurs. C'était encore un moment très émouvant.

Avec ce Jérôme Bel, on passe rapidement du rire aux larmes, c'est incroyable, alors qu'il s'agit simplement de danse. J'espère que Sylviane se porte mieux en tout cas.

La nuit s'achève

Celui-ci est déjà un peu plus traditionnel. Il est dansé sur la sonate pour piano n°23 de Beethoven, appelée communément sonate Appasionnata, une de mes préférées. Avant toute chose, j'en veux un peu au pianiste ( Alain Planès ) qui a massacré un zeste la sonate de Beethoven mais c'était quand même correct. Moi, je massacre aussi Beethoven mais je ne suis pas payé pour ça. En tout cas, quelle belle idée que de danser sur cette musique. Je ne pouvais qu'y souscrire vu que cette sonate me hante depuis mon adolescence déjà et que je l'écoutais jouée par un de mes amis.

Cette sonates a trois mouvements qui correspondront à trois ambiances différentes. Encore une fois trois couples.

Lors du premier mouvement, les trois couples sont sur scène, se croisent, se recroisent et se mélangent. Mouvement allegro assai, donc assez rapide et les danseurs le retranscrivent bien. chaque couple est habillé d'une couleur, différentes teintes de foncé.

Lors du deuxième mouvement, Adagio con motto (que j'ai un peu horreur d'écouter, oui je commence à aimer les mouvements lent mais celui-ci, au milieu du torrent de lave qu'est l'appasionnata, c'est dur), on n'a plus qu'un couple, tout de blanc vêtu. C'est le passage le plus explicite, à un moment, les danseurs s'embrassent carrément, c'est une sorte de séduction qui fonctionne très bien. Les danseurs sont sublimes dans leur tenue blanche, j'étais hypnotisé.

Enfin, le troisième mouvement, Allegro ma non troppo - Presto, mon préféré à l'écoute et au niveau de la danse ça y allait aussi. C'était tellement bon que j'avais moi-même envie de bouger. De nouveau trois couples, une véritable confrontation entre les hommes et les femmes. Là où cette musique semble un peu brutale, la danse l'adouci quelque peu. Encore une fois des mélanges, et cette fois-ci, on conserve le couple habillé en blanc et les deux autres sont habillés en couleur sombre.

J'ai vraiment beaucoup apprécié La nuit s'achève. J'ai lu beaucoup d'articles sur Millepied, et les différends qu'il a pu avoir avec l'opéra de Paris, mais lorsque je vois son travail, j'ai l'impression que son départ est une vraie perte. En tout cas, je suis bien content d'avoir pu assister à au moins un de ses spectacles.

Les variations Golberg

Après Beethoven, Bach. Du coup, même si je n'avais pas aimé la danse sur scène, mes oreilles auraient quand même été comblées ! Ah les variations Goldberg, quelle merveille. Lorsque j'ai entendu qu'il y avait un ballet sur cette musique, j'ai pris conscience qu'il y aurait de la dans pendant une heure car il s'agit d'une heure de musique. Un aria, trente variations et c'est parti. Une chorégraphie par variation et c'était vraiment génial. La pianiste ( Simone Dinnerstein ) jouait divinement bien d'ailleurs. Bon, ce n'était pas du Gould non plus mais c'était sympa.

Conclusion

La danse est un moyen d'expression artistique très intéressant. Tout passe par le corps, c'est peut-être difficile à appréhender, faire passer un message, raconter une histoire, tout devient plus compliqué lorsqu'on n'utilise que le corps et pourtant, c'est possible. La musique aide bien. J'ai en tout cas acquis la certitude que le ballet était pour tout le monde et que personne n'était exclu de l'opéra de paris !

Prochain spectacle, le Barbier de Seville, j'ai hâte !

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