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Publié par andika

Un autre monde est le nouveau film du tandem formé par le réalisateur Stéphane Brizé et l'acteur Vincent Lindon. Après La loi du marché en 2015 qui traitait du déclassement professionnel d'un chômeur de longue durée qui retrouvait un emploi de vigile, nous voici plongés ici dans les tourments d'un cadre d'une multinationale implantée en France. Tourment est bien le mot, dans la mesure où Philippe (impeccable Vincent Lindon), doit mettre en œuvre un nouveau plan social, juste deux années après le précédent, afin de satisfaire la gloutonnerie des actionnaires.

Ce film a le mérite de présenter les enjeux de façon claire, sans verser dans la caricature mais au contraire, nous mettre à la place de chaque personnage. Celle du directeur du site quoi doit exécuter un plan social auquel il ne croit pas et qui désorganisera à coup sûr la production. A la place des salariés de l'usine placés dans l'incertitude. A la place de cette cadre dirigeante, froide, ambitieuse et sans foi ni loi, qui ne s'échine qu'à appliquer les ordres d'en haut afin d'évoluer dans sa carrière. Marie Drucker se distingue énormément dans ce rôle. Elle n'a pas de difficulté à transmettre sa froideur (qu'elle véhicule déjà naturellement dans son métier de journaliste), son calme et son ambition. Mais elle amène également des choses tellement plus subtiles, comme sa manière de feindre l'empathie, de la façon la plus cynique qui soit.

Au cours des différentes réunions, les échanges crus sur le devenir du personnel, traité comme une simple variable d'ajustement, sont glaçant. Ici, un des cadres affirmant que même s'il n'est pas de gauche, n'est pas enthousiaste quant au plan en question. Cette réplique, tristement drôle, résume bien la situation. Même des personnes au salaire confortable sont parfois effrayées par une avidité infinie. Dans cette entreprise, contrairement aux discours de façade, l'humain vient après de nombreuses autres considérations. En d'autres termes, c'est "Tout pour ma gueule."

La réalisation prend son temps, et parvient à rendre les scènes de dialogues en réunion assez fluides. L'usage des gros plans sur les visages permet de remettre une once d'humanité dans ce contexte si particulier.

Enfin, le point faible du film est le traitement de la vie personnelle de Philippe avec sa famille. Entre son divorce compliqué et son fils un peu mal en point, on peine à s'intéresser à cet aspect de sa vie. Toutefois, sur l'aspect social, description des relations au niveau d'une entreprise, le film trouve le ton juste et atteint tous ses objectifs.

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