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Publié par andika

BAC nord de Cédric Jemenez est un film fiévreux, nerveux, efficace, qui donne à certains moments un coup de poing par sa radicalité. L'histoire revient sur une affaire qui avait défrayé la chronique en 2012, à savoir une unité de la BAC Nord de Marseille qui employait des méthodes contestables pour ne pas dire illégales. Mais bien entendu, les choses sont un peu plus complexes que ce qu'avait bien pu rapporter la presse à l'époque, de sorte que, des années après, les jugements à l'encontre des mis en cause ont été pour le moins cléments.

Cependant, nous avons ici une fiction, et le rappel au début du film est ainsi salvateur. Mais pourtant, tout ce qui se produit à l'écran est d'une crédibilité redoutable. A savoir la ville de Marseille livrée au trafic de stupéfiants, avec des zones de non droit où même la police n'a pas le droit de cité. Certains quartiers leur étant tout bonnement interdits par les dealers, sans autre forme de procès. En plus de devoir tolérer des zones de non droit, les trois personnages principaux, Greg, Yass et Antoine, doivent subir les incivilités, les quolibets et même les agressions physique des délinquants. Ceci est leur quotidien et ce n'est pas sans risque. Physiquement bien entendu, mais aussi moralement où il devient de plus en plus difficile de croire en quelque chose et encore moins en la force de la loi.

Et si cela ne suffisait pas, le politique s'en mêle avec des objectifs chiffrés idiots bien loin des nécessités du terrain. Sans bien entendu donner les moyens d'agir aux agents de terrain. Alors, il faut se débrouiller mais bien entendu, sans trop formaliser les choses, seuls les résultats comptent... Mais en revanche, dès que ça barde, il convient de se couvrir comme le montre le rôle de l'officier encadrant.

Ainsi, il faut se débrouiller, et la première partie montre l'inventivité de nos trois agents de police pour avancer, afin d'obtenir des résultats. Bien que l'illégalité des pratiques montrées ne soient jamais remise en cause, le bon sens tend à se dire qu'ils agissent bien. D'ailleurs, aucun collègue ne trouve rien à y redire, et les personnages sont vraiment traités comme les héros par la narration. Tant et si bien que lorsque les résultats arrivent, un sentiment très positif prédomine. 

Et là résulte la faiblesse du film. Il manque un peu de nuance, les enjeux y sont simplistes. Première partie, obtenir des résultats coûte que coûte. Deuxième partie, rendre des comptes à la justice. Car bien entendu, agir dans l'illégalité, pour des policiers, emporte certaines conséquences qu'il faut assumer. Dans cette partie qui les verra en détention, Gilles Lellouche livre une performance poignante, en flic brisé, totalement dévoué à sa carrière et qui voit son monde s'écrouler en passant de l'autre côté et en étant traité comme un délinquant.

Cependant, ce point de vu de l'IGPN sur les policiers de la BAC n'est pas inintéressant. Au niveau du style vestimentaire, du vocabulaire, de l'attitude, il existe de grandes similitudes entre les délinquants et les policiers. Cette proximité est d'ailleurs caractérisée par le personnage d'Antoine (Méconnaissable François Civil), qui justement entretien une relation étroite avec une indicatrice. Plus sur le champ de l'amitié que de la relation entre le policier et une personne d'intérêt. On se rend des services, on se soutient et bien entendu, on ne doit pas se balancer. Mais une fois de plus, cet aspect de l'histoire est abordé de façon trop superficielle. Et le seul enjeu est de savoir s'il faudra balancer ou non pour sortir de prison.

On est devant un film un peu binaire qui aurait mérité d'explorer un peu plus les zones grises, comme le faisait par exemple Les Misérables, qui n'hésitait pas à montrer certaines choses. Mais ce film ne manque pas de qualités, notamment sa réalisation, avec des séquences chocs, caméra à l'épaule, en plein milieu du quartier pendant une scène de guérilla urbaine. Des courses poursuites intenses, des fusillades d'une grande intensité. 

Mais en ressortant de BAC Nord, on n'est pas très optimiste. Sur l'état de notre société, de notre justice. Et on se demande si l'idéal de justice n'est pas un mythe tant l'impunité est partout et la justice nulle part.

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