The Lighthouse: Le Poison de l'isolement
The Lighthouse de Robert Eggers est un film singulier. Tout d'abord de par son format. Il est tourné en noir et blanc, l'image presque carrée, est en 1.19/1, ce qui est très inhabituel de nos jours. Cela permet de mettre en valeur le visage des acteurs et de mieux figurer un espace confiné.
L'histoire est d'une simplicité assez enfantine. Deux gardiens de phare prennent leur service pour 4 semaines, mais à cause d'une tempête, ils vont rester coincés dessus et céder peu à peu à la folie... Deux personnages principaux interprétés par Willem Dafoe et Robert Pattinson. Et les deux comédiens donnent tout dans chaque scène. Les différentes séquences vont figurer toutes les situations possibles et imaginables. De la banale prise de service à la besogne quotidienne. Puis aux manifestations paranormales, notamment l'apparition de sirènes, ou le comportement inquiétant des mouettes. Ce film bascule peu à peu dans quelque chose de macabre, et ce, de façon totalement irrésistible. Avec une photographie impeccable, on voit nos deux gardes sombrer car trop isolés.
Et cet isolement est palpable à chaque plan, tant ces images communiquent de messages. On a ainsi par exemple un début sans aucun dialogue pendant dix minutes. Mais l'image continue de parler et dire des choses beaucoup plus sensées que ce que peuvent raconter les personnages. Elle montre le fantasme, l'envie, la colère, la frustration, la douleur. Tout ce que peut occasionner un isolement infini en somme. Bien entendu, il s'agit là d'un langage cinématographique tout à fait inclassable, mais de façon très étonnante, il n'en est pas moins assez intelligible.