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Publié par andika

Mademoiselle de Joncquières est un film d'époque, costumé, mais terriblement moderne et actuel. Emmanuel Mouret utilise les ingrédients habituels de son cinéma, à savoir l'humour, le rythme, le dialogue et il nous offre une proposition absolument fantastique. Il ne se contente pas de nous montrer de beaux décors qui fleurent bon la France du 18ème siècle. Il propose également de vrais partis pris de mise en scène. En filmant par exemple Cécile de France en contrejour, de sorte à ce qu'on ne la voit pas, qu'elle soit sombre lorsqu'elle fomente sa vengeance. Lorsqu'il filme également des ombres un soir lorsque les personnages complotent.

Ce thème du libertinage dans la France de l'Ancien régime a déjà été traité de nombreuses fois, que ce soit dans la littérature ou au cinéma. Il existe les incontournables Liaisons dangereuses. Ici, il s'agit d'une adaptation de Diderot. Mme de La Pommeraye interprétée par Cécile De France cède au marquis des Arcis, campé par un excellent Edouard Baer. Sorte de Valmont, il la délaisse immanquablement après avoir obtenu ce qu'il désirait. Là où les choses diffèrent des liaisons dangereuses, c'est qu'il y a beaucoup plus de légèreté, d'humour. Les enjeux sont tout aussi importants mais les motivations des personnages sont plus limpides. La vengeance évidemment mais aussi avec un côté didactique. Encore ce but de faire l'éducation des hommes, de les corriger afin d'améliorer la société. Démarche qui ne peut que rappeler un certain Rousseau. Ainsi, le film devient très actuel et très moderne de par le message féministe véhiculé par le personnage de Cécile De France (véritablement sublime). Mais jusqu'où va la leçon, où commence la vengeance ? Et la punition est-elle vraiment une punition ? Le film pose toutes ces questions et y répond. Ainsi, on est étonné de voir au fur et à mesure toute l'humanité qui jaillit chez cet horrible libertin interprété par Edouard Baer. Qui est le méchant finalement ? Qui est le bourreau ? Qui est la victime ? Qui gagne, qui perd ? Un peu personne et un peu tout le monde à la fois.

Le tour de force de ce film est de ne pas être manichéen et de pouvoir laisser passer plusieurs points de vue différent. Et ce, avec légèreté et humour dans des dialogues jubilatoires. Un excellent film qui fait passer un bon moment, notamment avec une fantastique bande originale (allant de Bach à Scarlatti), et ne cesse d'interroger sur les affres de l'amour.

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B
J'ai adoré ce film ! Tu poses d'alileurs les bonnes questions "Mais jusqu'où va la leçon, où commence la vengeance ? Et la punition est-elle vraiment une punition ?" On peut alors se demander également si la punition n'est pas infligée à elle-même. De même, tout en ayant conscience d'un lien possible avec notre époque, on peut se poser la question de sa nécessité.
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A
Je pense en effet qu'elle se punit elle même. En voulant se venger de son amant, elle devient pire que lui dans la duplicité, elle se sert des autres femmes sans vergogne et les humilie, les fait souffrir juste pour son bon plaisir. Pour corriger les hommes, elle en devient un peu un. Alors que l'amant lui, plus il perd, plus il s'humanise et plus il se comporte honnêtement, avec honneur, jusqu'à trouver l'amour véritable. Une vraie leçon. Cet amour lui permet de passer outre les quolibets. La victoire deMme de La Pommeraye en est vidée.