Baby Driver: Une romance contrariée
Je n'avais aucune intention d'aller voir Baby Driver au cinéma. Juste à cause du titre. Baby driver était pour moi un oxymore, un non sens qui me faisait penser à de la parodie. De plus, cette histoire me semblait bien trop similaire à celle du film Drive de Nicolas Winding Refn avec Rayan Gosling dans le rôle titre. A savoir un chauffeur taiseux qui assure la fuite avec efficacité à des braqueurs après que ces derniers aient commis leur forfait, et avec bien entendu une femme qu'il aime à un moment dans l'histoire.
Heureusement, un excellent bouche à oreille m'a conduit à reconsidérer ma position et je ne le regrette pas. Il s'agit ici sans doute d'un des meilleurs divertissements de cet été.
J'ai très rapidement été rassuré car ce film se distingue très nettement de Drive tout d'abord. Le pitch est simple. Baby est un chauffeur hyper efficace et il a la particularité de conduire en musique, avec une playlist très variée. Il souhaite néanmoins se ranger après être tombé amoureux de la sublime Déborah jouée par une excellente Lily James. Bien entendu, rien ne va se passer comme prévu et c'est là que le scénario du film, bien que parfois éculé, recèle tout de même de nombreuses surprises.
Le point fort de ce film, c'est son casting. Kevin Spacey excelle en gangster paternaliste mais impitoyable. Don Drapper aka Jon Hamm est très efficace en braqueur du dimanche, Eliza Gonzalez n'est pas qu'une plante dans le rôle de Darling, on ne présente plus Jamie Foxx qui sait toujours aussi bien jouer la folie et enfin, Shane (de Walking Dead), aka Jon Bernthal ne démérite pas dans son petit rôle. Mais la palme revient au héros, le fameux Baby incarné par un Ansel Elgort que je découvre et qui a une sacrée présence à l'écran. Son jeu passe beaucoup par le corps et il occupe bien l'espace, captive bien la caméra.
Dès son entrée en matière pendant le premier braquage, j'ai été séduit. Pendant qu'il attendait ses collègues, il écoutait sa musique tout en mimant les instruments et les paroles, une attitude qui est totalement concevable en plein braquage. Après cette séquence d'action introductive où l'on a droit à une course poursuite très tendue est admirablement bien réalisée, le réalisateur Edgar Wright nous offre un plan séquence de toute beauté afin de suivre Baby dans son quotidien en dehors du crime, tout en musique naturellement.
La musique est également un point fort de ce film et nourrit d'ailleurs de nombreux dialogues, notamment entre Baby et Deborah. De manière limpide, leur histoire d'amour transcende l'écran. Tout sonne tellement vrai qu'on tombe immédiatement amoureux de ces personnages comme dans toute comédie romantique qui se respecte. Mais cet amour est constamment contrarié par les événements et les autres personnages, ce qui ne le rend que plus beau. Malgré la légèreté de ce couple lorsqu'il est ensemble, on sent poindre tout de même une certaine profondeur et de la gravité dans quelques séquences. La complicité de ces deux comédiens était vraiment très agréable à suivre, et je décerne une mention très spéciale à Lily James. Je ne sais pas si c'est son air ingénu, mais je dois dire qu'elle ne m'a absolument pas laissé indifférent. Elle irradiait l'écran et donnait toute une gamme d'émotions dans plusieurs registres, avec une belle intensité.
La liste des sons utilisés dans ce film est interminable, cela va de Barry White à Queen. Et en effet, le mot Baby est souvent utilisé dans la chanson, de quoi donner plus de sens au titre de ce film qui peut faire fuir. Foncez voir Baby Driver, vous ne le regretterez pas.
Ps: En revanche, Sony s'est mangé un procès pour avoir utilisé la chanson T-Rex sans autorisation. C'est bien dommage, cette chanson était au centre d'un dialogue assez fun.