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Publié par andika

Le Paradoxe du désir est la nouvelle pièce de la dramaturge Ana Maria Bamberger, qu'on retrouve avec plaisir au Théâtre du guichet Montparnasse après Le Portrait de Madame T en 2022, et Une nuit entière en 2023. Et justement, Le Paradoxe du désir est intimement lié à Une nuit entière puisqu'il s'agit d'un prequel. Ici, on retrouve également le duo d'acteurs de la pièce précédente, à savoir Codrina Pricopoaia, qui officie aussi à la mise en scène, et Geoffroy Vernin. Et cette fois-ci, ils sont rejoints par deux autres comédiens, à savoir Alexia Séféroglou et Samy Rahal. Les quatre personnages ici ont un projet qui consiste à monter une pièce de théâtre intitulée Une nuit entière !

Un marivaudage intelligent

Ce qui frappe immédiatement dans cette pièce, c'est le mélange des genres opéré. D'un côté, nous avons un quatuor amoureux, où Anton (Geoffroy Vernin) écrit une pièce de théâtre afin de travailler avec la comédienne Iris (Codrina Pricopoaia) dont il est amoureux. Iris accepte la proposition avec joie car elle peut relancer sa carrière, et que ça lui donne l'opportunité de collaborer avec Robert (Samy Rahal) metteur en scène de son état, qu'elle désire ardemment. Robert quant à lui y voit l'opportunité d'impliquer Alice (Alexia Séféroglou), brillante chercheuse en littérature comparée, qui ne le laisse pas du tout indifférent. Et enfin, Alice accepte la proposition de Robert avec enthousiasme car elle est une grande admiratrice d'Anton, l'auteur de la pièce ! Une fois la situation posée, on comprend rapidement les enjeux. La mise en scène efficace de Codrina Pricopoaia aidant beaucoup à ce sujet avec son jeu astucieux de chaises musicales lors de la première scène. En introduction, nous avons les quatre comédiens sur scène, assis dos au public chacun sur une chaise. Et ils se mettent face au public juste pour prendre la parole lors de leurs dialogues. Et l'idée des chaises musicales jalonne la pièce où on pense souvent à l'adage: "Qui part à la chasse perd sa place". Mais plus que le prétexte de situations burlesques types vaudeville, cette situation au contraire permet une profonde réflexion sur le théâtre. Où la vision d'Anton (inspiré de Tchékov, amours silencieux non réciproques, monotonie, échecs) qui pense que le théâtre doit défendre la vérité, se confronte avec celle d'Iris, qui pense avant tout que le théâtre doit divertir le public, et l'amuser. Ainsi, les interactions entre les personnages ne se limitent pas au seul désir, dans la mesure où le théâtre demeure un aspect essentiel de leurs relations. Ainsi, bien entendu, les tentatives de séductions sont présentes, et souvent très drôles, mais les dialogues qui les accompagnes ne sont pas que accessoires, bien au contraire. Ce qui permet aux comédiens de s'illustrer dans plusieurs registres.

 

Une relecture d'Une nuit entière

Regarder cette pièce après Une nuit entière fait repenser à cette pièce et en donne une nouvelle grille de lecture. Car les dialogues au sujet du théâtre tournent bien évidemment autour de cette pièce qui ne nous est pas totalement étrangère. On apprend alors que Marisa y était peut-être plus mal en point que ce que l'on pouvait imaginer. Et on trouve de la tragédie là où on avait dans un premier temps vu une issue plutôt positive. Et qu'il est stimulant de voir les personnages d'Ana Maria Bamberger débattre justement de l'issue de cette pièce, et livrer ainsi des éléments de réfection de la dramaturge. Mobiliser ses souvenirs d'une pièce qu'on a vue qu'une seule fois est un exercice très intéressant, et qui rend Le Paradoxe du désir encore meilleur.

En conclusion, Le Paradoxe du désir est une pièce qui parlera à tous. Qu'on ait vue la précédente ou non. Car il arrive souvent à tout un chacun de désirer ce qu'il n'a pas, et de délaisser ce qu'il a. Ce qui est illustré ici par Ana Maria Bamberger avec humour, et beaucoup de talent. On ne voit pas le temps passer devant cette pièce, on rit de bon coeur et on ressort avec des réflexions sur nos propres vies qui ne sont pas dénuées de sens. Cette pièce opère la synthèse parfaite entre un théâtre léger et sérieux à la foi, qui ravira sans aucun doute, tout amoureux de ce noble art.

Le Paradoxe du Désir De Ana-Maria Bamberger, représentation du 27/01/2024

Distribution

Mise en scène 

Codrina Pricopoaia

Avec

Codrina Pricopoaia – Iris

Samy Rahal – Robert

Alexia Séféroglou – Alice

Geoffroy Vernin – Anton

Théâtre le guichet Montparnasse

Les vendredis et samedis - 19H
Les dimanches - 15H

Durée : 1h15

 

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