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Publié par andika

La Compagnie Cyclone présente une pièce issue d'un ouvrage de Leslie Kaplan, à la Comédie nation à Paris. Le livre des Ciels, c'est l'histoire d'une femme issue du monde ouvrier, dont la vie n'est pas forcément un rêve. C'est un texte à mi chemin entre le récit et la poésie, emprunt d'une grande force symbolique, qui abolit les formes pour livrer moult allégories. Autour de trois comédiennes, un plateau dépouillé avec une toile en fond diffusant des images, trois chaises, et enfin une flûte accompagnant la scène.

L'évocation plutôt que la narration

Le texte de base n'étant absolument pas destiné au théâtre, il laisse paradoxalement une grande latitude à l'adaptation, et aux idées de mise en scène. Comme passer d'un récit à la première personne récité au final par trois voix bien distinctes. Qui parfois se mêlent et s’emmêlent, en ayant recours à la technique du canon pour renforcer un aspect évocateur. Reste alors la sensation, le sentiment, et une certaine mélancolie en rendant présents des souvenirs ancrés mais un peu oubliés. Sur cet aspect, on n'est pas loin de la démarche d'un Terrence Malick dans ses derniers films. Les mots qui ponctuent la pièce sont d'ailleurs assez éloquents "précise, imprécise"

La structure est ici moins importante que l'impression, la sensation. Et sur cet aspect, Le Livre des Ciels est une réussite car il fait effectivement ressentir énormément de choses, sans avoir besoin d'être très explicite sur ses intentions, on comprend et on ressent ce qu'il faut. L'usage de la musique, jouée par la flûte de Denis Zaidman, y aide aussi grandement.

L'absence

Comme il s'agit d'une évocation, le corolaire est que l'on parle de choses qui ne sont pas présentes. D'une part de souvenirs, mais aussi, d'autre part, des hommes. En effet, les hommes sont absents de la scène mais très présents dans le texte et dans les têtes. L'homme peut tour à tour devenir un fantasme, comme ce bel italien aux yeux noisettes dans le car, ou encore, une source d'anxiété comme cet ecclésiastique avec qui il faut aller boire une limonade.

L'espace

Le plateau dépouillé est utilement employé par la mise en scène de Philippe Penguy. Avec l'usage des images dans le fond, qui renforce certaines évocations. Le mouvement du train, les scènes jouées par les comédiennes en arrière plan, qui appuient ce qui se passe sur scène, ou simplement, le changement de couleurs, qui à lui seul, fait varier les atmosphères.

L'espace est également superbement utilisé par les trois comédiennes sur scène, Isabelle Fournier, Jessica Rivière, Agnès Valentin. Au travers d'un ballet, précis, élégant, sobre et sensuel à la fois, lorsqu'il s'agit par exemple de danser. Certains monologues mis en avant créent immédiatement une grande intimité et permettent aux comédiennes de livrer le meilleur. Comment ne pas être glacé lorsqu'à tour de rôle, elles viennent se placer devant la scène, le micro en main, pour dévoiler un récit pudique mais si fort.

Une pièce forte

Enfin, il s'agit tout simplement d'une pièce forte, hors du temps, hors de l'espace, qui sera reçue différemment par chaque spectateur, et c'est ce qui en fait sa singularité. Serions-nous en face d'une proposition de théâtre figuratif ? Il y a de grandes chances que oui.

Le Livre des Ciels. Un livre de Leslie Kaplan.
Mise en scène et vidéo : Philippe Penguy. Distribution : Isabelle Fournier, Jessica Rivière, Agnès Valentin, Denis Zaidman (création musicale et interprétation). Lumières : Vincent Tudoce. Réalisation tissu de scène : Marie-Hélène Repetto. Photos : Peggy Riess ou Stefania Iemmi. Production compagnie Cyclone. Ce spectacle est soutenu par la SPEDIDAM et l’ADAMI, ainsi que par les villes de Coulommiers, Meung-sur-Loire et Gonesse.

Site internet: ici

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