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Publié par andika

Moi Capitaine est le nouveau film du réalisateur italien, Matteo Garrone, qui s'était fait connaître en 2008 pour sa description clinique de la mafia dans Gomorra, récompensé du Grand Prix au Festival de Cannes.

Cap sur l'Afrique dans Moi Capitaine, et sur ce qu'on appelle en Europe depuis une dizaine d'années la crise des migrants. A savoir, tous ces africains, jeunes et moins jeunes, qui toujours plus nombreux, empruntent la route sinueuse de la mer Méditerrané afin de rejoindre les côtes de l'Europe. Mais avant d'arriver sur les flots méditerranéens, les candidats à la traversée ont déjà accompli beaucoup et parcouru énormément de chemin. Comme les deux personnages principaux, Seydou (magnifique Seydou Sarr, plein de bonté et de sensibilité) et Moussa. Cousins et meilleurs amis, il vivent une adolescence paisible à Dakar, si ce n'est le manque de perspectives. Et les deux rêvent d'Europe, de gloire, et d'un avenir plus radieux afin de venir en aide à leur famille, qui restera derrière au Sénégal.

Pour nous qui sommes ici, les difficultés d'un tel périple n'ont rien d'inconnu. Pour deux jeunes naïfs de seize ans, ces difficultés semblent être quantité négligeable. Et Matteo Garrone n'en cachera rien. De la marche dans le désert du Sahara, à la corruption des autorités maliennes, pour finir enfin à la cruelle Lybie, sans foi, ni loi, et où les migrants ne valent pas plus que le bétail. Cette démarche naturaliste est essentielle afin de permettre au spectateur de se soucier du sort des personnages. Les nombreuses séquences filmées caméra à l'épaule du côté de Dakar, permettent de créer une proximité. Et cette proximité ne sera jamais rompue. Même si la majorité des dialogues se fait en langue wolof, on s'identifie facilement à ces deux adolescents. De plus, le rythme particulier de cette langue, sa musicalité, créent une atmosphère particulière qui aide encore plus à l'immersion.

Au cours de cette traversée, on révèle le caractère de Seydou, qui oublie ses rêves au fur et à mesure, mais qui au fil des rencontres, devient un homme, soucieux du sort de son prochain. Et on se rend compte que ce qui compte dans cette histoire, ce n'est pas la destination géographique de nos protagonistes. Le voyage, ne se fait pas avec les pieds, ou avec le bateau. Le voyage est intérieur. C'est la manière d'affronter les épreuves et d'en ressortir fortifié.

Ainsi, ce long métrage parvient à prendre un sujet d'actualité, de façon assez didactique, mais n'en oublie pas la narration, la fiction, et le développement de ses personnages. De cela, il ressort une très grande émotion, et une note d'espoir. Parfois, les chemin sont sinueux, mais on peut toutefois arriver à bon port quand on a un bon capitaine.

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