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Publié par andika

Bis repetita n'est pas une énième comédie française sur le milieu scolaire même si le postulat de départ peut le laisser craindre. Au contraire, le film de Émilie Noblet est une comédie admirablement bien troussée, subtilement écrite même si on n’évite pas certains clichés sur l'école.

L'histoire est simple, Delphine (sublime Louise Bourgoin), prof de lettres classiques démotivée et frustrée dans un lycée d'Angers a passé un marché assez simple avec ses élèves. Ils lui foutent la paix et en échange, elle met 19/20 de moyenne a tout le monde. Le groupe des 5 seuls courageux latinistes du lycée ne se fait pas prier. Toute cette routine fonctionne à merveille jusqu'à ce que la classe soit sélectionnée à un concours mondial de latin qui doit se tenir à Naples. Où bien entendu, il sera impossible de faire illusion.

Le comique de situation est d'emblée imposée. Rien que cette idée de départ est loufoque, mais l'ajout du chercheur utopiste en accompagnateur de la sortie scolaire, permet d'élever le débat. Rodolphe (excellent Xavier Lacaille) prépare en effet une thèse sur l'enseignement des langues mortes où il développe une méthode révolutionnaire. A savoir l'immersion des sujets dans la langues prétendument morte afin de la réanimer.

Dans sa vision des choses, le latin est accessible à tout le monde, et ses démarches vont dans ce sens. Notamment en reprenant des chansons de la pop musique en latin (Pour que tu m'aimes encore de Céline Dion ne peut pas sortir de la tête du spectateur qui a vu ce film).

Et c'est une manière habile de questionner l'utilité de ces langues mortes qu'on a vite fait de classer comme élitistes. Que ce soient les détracteurs ou même les soutiens. On confronte les limites de l'idéalisme et du dogme en confrontant une enseignante qui a perdu son enthousiasme face à un jeune doctorant plein d'ardeur.

De cette tension nait une émulation certaine qui transparait chez les élèves et on constate qu'ils ne sont pas imperméables au savoir, bien au contraire. Car le latin, c'est la langue certes, mais c'est surtout l'histoire, la culture, la mythologie, les émotions. Et ce film le montre bien. Mais bien entendu, cela crée également des scènes drolatiques, notamment celles des diverses épreuves du concours.

En outre, la mise en scène n'est pas paresseuse. Les mouvement de caméra sont toujours au point (le traveling montrant l'arrivée du groupe sur le lieu de la compétition est sublime). On dénombre aussi des idées visuelles intéressantes (Rodolphe triste qui comme par hasard parle sous la pluie et la photo devient grise, pendant qu'il se questionne sur sa thèse.). Ou au contraire la photographie chaude est colorée des soirées de fêtes. Mais surtout, Émilie Noblet aime filmer Louise Bourgoin. Et la caméra aime Louise Bourgoin. Et c'est un avantage indéniable pour ce film !

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