La salle des profs: L'enfer est pavé de bonnes intentions
La salle des profs est un film qui nous arrive d’outre-rhin, réalisé par le cinéaste allemand İlker Çatak. Quelques années après La Révolution silencieuse, j’étais heureux de découvrir un nouveau film allemand qui se déroulait dans le cadre scolaire.
On quitte la RDA à l’époque de l’édification du mur de Berlin afin d’atterrir ici dans une Allemagne contemporaine, dans un collège où des vols se déroulent. Ce qui crée d’emblée un climat de tension et de suspicion.
Tout de suite, le problème est posé, dans une réunion d’enseignants avec des délégués élèves. Et on remarque que les pires solutions sont d’emblée envisagées. A savoir la délation anonyme, le soupçon généralisé. Ce qui indigne Carla, (excellente Leonie Benesch) pour qui la fin ne justifie pas les moyens.
D’autant plus que la première scène de cour de Carla présente un principe de base des mathématiques et qu’on peut appliquer à la vraie vie, à savoir qu’il ne faut pas donner un résultat avant de l’avoir démontré.
Et pourtant, tout au long du film, chaque personnage va s’ingénier à faire l’inverse et à violer ce principe. D’un côté, dans l’inquisition très intrusive qui va survenir suite aux vols. Mais aussi au fur et à mesure que les tensions augmentent, la propagation de rumeurs et de on dit qui ne vont faire qu’envenimer les choses.
Et c’est en cela que le film questionne notre société contemporaine. Car il montre en quoi nos croyances et nos préjugés nous obscurcissent la vue, et nous détournent de principes essentiels. D’un côté, on a vite fait par exemple d’accuser un enfant issu de l’immigration. De l’autre, on a vite fait aussi de dissimuler des informations parce qu’on est bien-pensant, et qu’on veut sauver ses élèves, même contre eux-mêmes.
Toutes les failles des bonnes intentions sont saillantes. Car oui, vouloir mettre fin à des vols et punir les coupables est louables, mais cela doit se faire de façon éthique. Mais d’un autre côté, punir les élèves qui ont un comportement inacceptable doit également se faire sans trembler, et ne pas être entravé par des enseignants qui se veulent des martyrs.
Ainsi, comme on le sait déjà, l’enfer est pavé de bonnes intentions. C’est pour cela que la majorité des personnages de ce film finira par susciter des réactions d’hostilité chez le spectateur. Ce qui était sans doute le but du réalisateur, tant sa mise en scène crée la tension et l’énervement. Cependant, il aurait été aussi intéressant de conclure l’histoire de façon satisfaisante.
La Salle des profs est un film réalisé par İlker Çatak avec Leonie Benesch, Michael Klammer. Synopsis : Alors qu'une série de vols a lieu en salle des profs, Carla Nowak mène l'enquête dans ...
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