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Publié par andika

Barbie est avant tout un jouet, une poupée inventée par la société Mattel et un bestseller depuis 64 ans. Voir donc adapté un jouet, en film de cinéma, est donc quelque chose de très étonnant. Même si ce n’est pas du jamais vu (pour ceux qui apprécient GI Joe par exemple). Par conséquent, lorsqu’on associe les idées de poupée et de film, on pense immédiatement au marketing.

Et effectivement, le marketing n’est jamais loin, et il devient un peu consubstantiel au cinéma. Mais il convient d’identifier ce que l’on veut nous vendre. Souvent, les films de cinéma veulent nous vendre des jouets justement (Disney, films de super héros…). Mais le plus souvent, les films veulent nous vendre des idées.

Et la réalisatrice scénariste, Greta Gerwig (en tandem avec Noah Baumbach au scénario), a quelques idées à nous vendre. A commencer par la plus à la mode à l’époque contemporaine en Occident, le féminisme.

Cependant, utiliser la poupée Barbie, le stéréotype ultime, pour vendre des idées féministes, n’était pas chose aisée. Et pourtant, devant le film, on se rend compte que ce véhicule n’est pas si inadapté que cela, et permet de faire passer certains messages de façon plus ou moins subtile.

Après une introduction citant abondamment 2001 l’odyssée de l’espace de Stanley Kubrick (jusqu’à la musique de Richard Strauss, Also sprach Zarathustra), avec les poupées remplaçants les os, pour nous expliquer que depuis la nuit des temps, les jeunes filles jouent à la poupée, nous voici dans le monde parfait de Barbie Land. Monde, aux teintes roses prononcées, fait par les femmes, pour les femmes où les femmes dirigent, et les hommes ne sont là que pour décorer.

La Barbie stéréotypée, (remarquable Margot Robbie), jouit de ses journées parfaites, monotones, et identiques jusqu’à commencer à se poser des questions existentielles qui n’ont pas leur place dans ce monde onirique. Et là voici envoyée dans notre monde et elle découvre alors les défauts de celui-ci.

La place de la femme est différente, le regard des hommes peut parfois être dérangeant, le vocabulaire n’est pas le même, et surtout, les problèmes existentiels sont légions. Mais ces derniers sont abordés avec légèreté, décalage et humour.

Et le sujet principal du film se situe ici, comment faire face à ses problèmes existentiels. En prenant tout d’abord l’image stéréotypée de Barbie, en la déconstruisant, et en révélant l’humain derrière l’icône. Et on se rend compte qu’une partie des problématiques des personnes concerne l’image que la société leur renvoie, et ce que la société attend d’elle. Surtout pour les femmes, qui ont parfois l’impression de devoir réaliser l’impossible juste pour plaire. Au contraire, le personnage de Ken (excellent Ryan Gosling), sort d’un monde où il n’est pas considéré et atterrit dans un contexte où le fait d’être un homme de son apparence est largement valorisé. Passer d’accessoire décoratif de Barbie à mâle alpha est un saut très périlleux qui est la source des principales tensions de ce film, et des meilleurs questionnements.

On constate alors qu’il est possible d’agir contre son propre intérêt, contre ses idéaux car cela est parfois plus confortable. Mais on constate surtout que le compromis est une solution qui déçoit rarement.

La poupée Barbie est un stéréotype incarné mais a également une ambition universelle. En effet, on peut la décliner à l’infini, selon les métiers, les couleurs, les modes. Ainsi, l’excellente idée du film est d’avoir pris plusieurs comédiennes pour incarner Barbie et ainsi en montrer la diversité.

Car en effet, même si la société et le contrat social ont tendance à vouloir standardiser les choses, il ne faut pas perde de vu que chacun est un individu unique, qui fait ses propres choix et dont les décisions ont une réelle prise sur sa vie. Ce qui est le message un peu plus subtil que le marketing girl power. Et c’est ce qui rend ce film appréciable.

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