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Publié par andika

Je n'avais jamais vu aucun film de Pedro Almodovar jusqu'à présent. Pourtant, depuis toutes ces années, ce n'est pas les occasions qui ont manqué. La presse ne restant jamais indifférente face à un nouvel opus du réalisateur espagnol, d'ailleurs souvent primé à Cannes. Mais la barrière de la langue sans doute, ou mon hermétisme à son univers, m'ont longtemps tenus loin de son cinéma. Et pourtant, cet univers avait tout pour me plaire. En général assez féminin, coloré. Peuplé de secrets, de tabous, de tensions qui explosent à l'écran. Chez Almodovar, on retrouve également une comédienne que j'adore, à savoir Penelope Cruz. De sorte que plus le temps passait, et plus il m'était difficile de ne pas franchir le pas.

C'est alors que Madres Paralelas fait irruption sur nos écrans. Une histoire simple en apparence, mais qui se complexifie au gré des ramifications de l'intrigue. Janis (sublime Pénélope Cruz), photographe de mode rencontre un anthropologue en vue à Madrid pour un shooting. La discussion s'engageant, elle en vient à le solliciter afin de mener une fouille dans son village qui recueille une fosse commune datant de la guerre civile espagnole. Mais rapidement, ils deviennent amants et Janis tombe enceinte. Et c'est à la maternité qu'elle rencontre Ana, jeune mineure également enceinte, avec qui elle partage sa chambre avant l'accouchement. Peu après les naissances de leurs filles respectives, ces dernières sont éloignées de leurs mères pour rester un peu en observation...

Et à partir de là, l'histoire va se complexifier à souhait. Et tout le lot du cinéma d'Almodovar va se déployer. Féminin, coloré, bien réalisé avec son lot de secrets, de non dits, et de petits recoins malsains qui ne demandent qu’à exploser au grand jour. Madres Paralelas, bien que peu surprenant, convainc. De la banalité des choses de la vie, le film expose une intrigue haletante, profonde et touchante. Le doute sur la paternité émit par l'amant de Janis, doute inhérent et consubstantiel à l'humain tant pendant presque toute la durée de l'existence de l'humanité, il était impossible de savoir avec certitude qui était le père de l'enfant. En outre, la petite histoire se marie avec la grande, où quand les profondeurs de la guerre civile espagnole resurgissent. Et comme le dit le poète Galena, cité dans le film, Il n’y a pas d’histoire muette. Tout ce que l'on pense secret a vocation à être révélé. Et ce sentiment d'inéluctabilité de la révélation jalonne ce film de bout en bout.

Enfin, la réalisation et la photographie présentent des images chaudes, colorées, à l'éclairage toujours riche. Une scène banale dans l'hôpital met quand même en valeur la couleur des murs grâce aux gros plans. Enfin, toute la séquence finale dans le village nous immerge totalement dans l'été espagnol, où, même si les fantômes du passé remontent à la surface, l'Espagne demeure si belle.

Un film profond et touchant bien qu'un peu prévisible sur certains aspects.

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