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Publié par andika

En cet hiver 2022, nous mesurons chaque jour la chance que nous avons de continuer à avoir une vie culturelle dans des salles de spectacles ouvertes envers et contre tout. Chance bien entendu, mais surtout, plaisir. De surcroît lorsque un Orchestre National de France des grands jours, dirigé par son directeur musical, Cristian Macelaru, propose un programme emplit de munificence, à l'auditorium de Radio France. Avec tout d'abord Time Stretch de et en présence de Bruno Mantovani, et enfin, la Symphonie n°4 de Gustav Mahler, pleine d'insouciance, de joie enfantine et bien entendu, d'ironie plaisante. Avec comme soliste pour le dernier mouvement, la soprano Hanna-Elisabeth Müller.

Poster du concert du 20 janvier 2022

Le programme du concert annonce au sujet de la première pièce, en citant le compositeur Bruno Mantovani:" « Time Stretch (on Gesualdo) a pour point de départ un des Madrigaux du 5e Livre du compositeur italien, S’io non miro non moro ». Il ne s’agit pas ici d’un pastiche, qu’on se rassure, mais d’un dialogue entre deux musiciens éloignés par quatre siècles mais que rapprochent le goût des harmonies sensuelles et l’attrait pour les contrastes. "

Et ces contrastes, on les ressent dès le début de la pièce, pleine de mystère et de relief, qui utilise l'orchestre avec beaucoup de richesse et de belles idées d'alliages de timbres. Le vibrato des cordes installe une sorte de brume sonore, quand le tutti arrive, c'est toujours vertigineux, et surtout, la variété des sons est proprement stupéfiante. Crédit doit en être donné au chef, Cristian Macelaru. Les solos à la clarinette et au cor anglais sont également des grands moments. Time Stretch (on Gesualdo) est une pièce superbement orchestrée, datant de 2006 et qui résonnait pour la première fois à la maison de la Radio, où le compositeur avait pourtant ses habitudes. Et c'est avec grand plaisir qu'il est monté sur la scène afin de recevoir les applaudissements chaleureux du public.

L'Orchestre National de France et Bruno Mantovani (© Radio France)

Le contraste, on le trouvera aussi entre l’hommage rendu par Bruno Mantovani à un musicien à la vie tumultueuse, qui assassina sa femme et l’amant de celle-ci, et l’aspiration aux joies célestes que proclame le final de la Symphonie n°4 de Mahler, après l'entracte. La Symphonie n°4 a été composée entre 1899 et 1900 et créée à Munich en novembre 1901, avant la troisième ! De proportions modestes en comparaison de ses deux devancières, revenant aux quatre mouvements traditionnels et supprimant le tuba et les trombones de l'orchestre. Toutefois, elle conserve la voix humaine avec la soprano dans le dernier mouvement. La Symphonie n°4 selon le Guide de la musique symphonique paru Fayard, associe la grâce et l'expression pastorale à la vigueur incisive à une ambiguïté de sentiments certaine. Et le chef entame le premier mouvement qui est un vaste Allegro, de façon très légère et chantante. Le son est chaleureux, les timbres typiques et gourmands. De la fantaisie sort des couleurs de l'orchestre, le pupitre de cordes est d'une précision extrême. L'équilibre des plans sonore donne beaucoup de confort là où la petite harmonie brille. Dans la fameux deuxième mouvement, le violon solo est accordé un ton trop haut. Et ça grince. Le chef ne cherche absolument pas à atténuer les timbres provocateurs convoqués par Mahler, et ici, toutes les diableries de la partition sont révélées. On apprécie le tempo ralenti du trio où la clarinette solo est phénoménale. Le troisième mouvement, long Adagio dont le compositeur était particulièrement satisfait, est un moment de pur bonheur. Le pupitre de cordes rayonne, le lyrisme déborde et la fin généreuse nous fait basculer dans la félicité et le bonheur de la vie céleste chanté dans le dernier mouvement. Hanna-Elisabeth Müller, est une sublime soprano, à la technique méthodique et infaillible, mais qui sur ce texte, a eu un peu de mal à briser la glace. En dépit d'une posture toujours généreuse, on aurait aimé un peu plus de sourire et de joie naïve dans son chant. Cependant, quel timbre et quel projection ! Et quel plaisir que d'entendre cette symphonie qui offre tant de sérénité et de bonheur, dans ce mois de janvier 2022.

Hanna-Elisabeth Müller et l'Orchestre National de France (© Radio France)

Concert disponible à l'écoute pendant un mois sur France Musique

Programme du concert du 20 janvier à Radio France
BRUNO MANTOVANI
Time Stretch (on Gesualdo)

GUSTAV MAHLER
Symphonie n° 4

HANNA-ELISABETH MÜLLER soprano
ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE
CRISTIAN MĂCELARU
 direction

 

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