La soirée sucrée du National dans Mantovani et la Symphonie n°4 de Mahler
En cet hiver 2022, nous mesurons chaque jour la chance que nous avons de continuer à avoir une vie culturelle dans des salles de spectacles ouvertes envers et contre tout. Chance bien entendu, mais surtout, plaisir. De surcroît lorsque un Orchestre National de France des grands jours, dirigé par son directeur musical, Cristian Macelaru, propose un programme emplit de munificence, à l'auditorium de Radio France. Avec tout d'abord Time Stretch de et en présence de Bruno Mantovani, et enfin, la Symphonie n°4 de Gustav Mahler, pleine d'insouciance, de joie enfantine et bien entendu, d'ironie plaisante. Avec comme soliste pour le dernier mouvement, la soprano Hanna-Elisabeth Müller.
Le programme du concert annonce au sujet de la première pièce, en citant le compositeur Bruno Mantovani:" « Time Stretch (on Gesualdo) a pour point de départ un des Madrigaux du 5e Livre du compositeur italien, S’io non miro non moro ». Il ne s’agit pas ici d’un pastiche, qu’on se rassure, mais d’un dialogue entre deux musiciens éloignés par quatre siècles mais que rapprochent le goût des harmonies sensuelles et l’attrait pour les contrastes. "
Et ces contrastes, on les ressent dès le début de la pièce, pleine de mystère et de relief, qui utilise l'orchestre avec beaucoup de richesse et de belles idées d'alliages de timbres. Le vibrato des cordes installe une sorte de brume sonore, quand le tutti arrive, c'est toujours vertigineux, et surtout, la variété des sons est proprement stupéfiante. Crédit doit en être donné au chef, Cristian Macelaru. Les solos à la clarinette et au cor anglais sont également des grands moments. Time Stretch (on Gesualdo) est une pièce superbement orchestrée, datant de 2006 et qui résonnait pour la première fois à la maison de la Radio, où le compositeur avait pourtant ses habitudes. Et c'est avec grand plaisir qu'il est monté sur la scène afin de recevoir les applaudissements chaleureux du public.
Le contraste, on le trouvera aussi entre l’hommage rendu par Bruno Mantovani à un musicien à la vie tumultueuse, qui assassina sa femme et l’amant de celle-ci, et l’aspiration aux joies célestes que proclame le final de la Symphonie n°4 de Mahler, après l'entracte. La Symphonie n°4 a été composée entre 1899 et 1900 et créée à Munich en novembre 1901, avant la troisième ! De proportions modestes en comparaison de ses deux devancières, revenant aux quatre mouvements traditionnels et supprimant le tuba et les trombones de l'orchestre. Toutefois, elle conserve la voix humaine avec la soprano dans le dernier mouvement. La Symphonie n°4 selon le Guide de la musique symphonique paru Fayard, associe la grâce et l'expression pastorale à la vigueur incisive à une ambiguïté de sentiments certaine. Et le chef entame le premier mouvement qui est un vaste Allegro, de façon très légère et chantante. Le son est chaleureux, les timbres typiques et gourmands. De la fantaisie sort des couleurs de l'orchestre, le pupitre de cordes est d'une précision extrême. L'équilibre des plans sonore donne beaucoup de confort là où la petite harmonie brille. Dans la fameux deuxième mouvement, le violon solo est accordé un ton trop haut. Et ça grince. Le chef ne cherche absolument pas à atténuer les timbres provocateurs convoqués par Mahler, et ici, toutes les diableries de la partition sont révélées. On apprécie le tempo ralenti du trio où la clarinette solo est phénoménale. Le troisième mouvement, long Adagio dont le compositeur était particulièrement satisfait, est un moment de pur bonheur. Le pupitre de cordes rayonne, le lyrisme déborde et la fin généreuse nous fait basculer dans la félicité et le bonheur de la vie céleste chanté dans le dernier mouvement. Hanna-Elisabeth Müller, est une sublime soprano, à la technique méthodique et infaillible, mais qui sur ce texte, a eu un peu de mal à briser la glace. En dépit d'une posture toujours généreuse, on aurait aimé un peu plus de sourire et de joie naïve dans son chant. Cependant, quel timbre et quel projection ! Et quel plaisir que d'entendre cette symphonie qui offre tant de sérénité et de bonheur, dans ce mois de janvier 2022.
Concert disponible à l'écoute pendant un mois sur France Musique
BRUNO MANTOVANI Time Stretch (on Gesualdo) GUSTAV MAHLER Symphonie n° 4 HANNA-ELISABETH MÜLLER soprano ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE CRISTIAN MĂCELARU direction |
Cette 4ème de Mahler est comme un bonbon sucré ! Chantante, espiègle, légère ! Les cordes du @nationaldefce irréelles sous la baguette de @CristiMacelaru une petite harmonie phénoménale et enfin, une Hanna-Elisabeth Müller à la froide virtuosité dans le dernier mouvement. pic.twitter.com/D0QDWl21jz
— Andika (@Nyantho) January 20, 2022
Mini festival Mahler à Paris cette semaine. Après la 9ème (Hrusa / Bamberg) et la 5ème (Saraste / Orch. de Paris), une superbe 4ème par @nationaldefce, @CristiMacelaru et Hanna-Elisabeth Müller. Beaucoup de grâce et de subtilité, un orchestre flamboyant et de magnifiques solistes pic.twitter.com/7XYvvLEa1D
— Société G. Mahler France (@MahlerFrance) January 20, 2022
Always a privilege to work with fine musicians playing not only significant, powerful pieces like Mahler Symphony No. 4 but also that of living composers. Bravi to composer Bruno Mantovani, soprano Hanna-Elisabeth Müller and l’Orchestre @NationalDeFce for this wonderful evening. pic.twitter.com/zbWv00puo0
— Cristian Macelaru (@CristiMacelaru) January 21, 2022
Quelle belle pièce ce Time Stretch de Bruno Montovani. Beauté des contrastes de timbres, d’harmonies. Usage toujours lumineux du tutti et orchestration exquise qui interpelle constamment l’oreille de l’auditeur ! La @nationaldefce a parfaitement servi cette partition ! pic.twitter.com/BDkta4eAwM
— Andika (@Nyantho) January 20, 2022
Un @nationaldefce incandescent sous la magnifique direction de @CristiMacelaru : vivement le concert de demain après une répétition de rêve ce soir! Et merci à @michel_orier d’avoir programmé ma vieillerie « Time stretch » dans d’idéales conditions. pic.twitter.com/ehUN0U0tHv
— Bruno MANTOVANI (@BrunoCompo) January 19, 2022
Excellent (et nerveux) Time Stretch (perso, l’une des mes œuvres préférées de @BrunoCompo avec Streets et D’un jardin féerique) par le @nationaldefce pic.twitter.com/s4hE3WzCuf
— Laurent Vilarem (@laurent_vilarem) January 20, 2022
A wonderful dress rehearsal ahead of our concert tonight with l’Orchestre @NationalDeFce and our guest soprano Hanna-Elisabeth Müller. Happy to share that it will be available for live stream on @FranceMusique at 8pm CET. pic.twitter.com/uG6jv7fNUj
— Cristian Macelaru (@CristiMacelaru) January 20, 2022