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Publié par andika

Il était une fois les trente-deux sonates pour piano de Beethoven. Ce billet commence comme un conte de fée et à vrai dire, se plonger dans ce corpus de musique est une aventure qui vaut bien des explorations littéraires. Ces trente-deux sonates sont parfois qualifiées de Nouveau Testament du piano là où le Clavier bien tempéré de Bach serait l'Ancien. Elles retracent la vie de Beethoven comme aucun autre corpus, partant de l'opus 2 à l'opus 111 du compositeur.

Ma démarche ici n'est pas encyclopédique. Tout ce qu'il y avait à dire sur ce sujet a déjà été dit. Si j'avais prévu d'aborder le sujet des trente-deux sonates de Beethoven, c'est que je voulais faire le compte rendu de l'intégrale de ces sonates qui s'est déroulée à Radio France en 2020. Mais finalement, je n'ai pas pu assister à tous les concerts de cette intégrale. A cause du Covid, mais pas que…

Initialement prévue un week-end de mars 2020, vous comprenez aisément pourquoi les concerts n'ont pas eu lieu à cette date. Cependant, la nature de la performance en faisait quelque chose d'assez aisément rattrapable par la suite. Le répit offert par l'épidémie à l'été 2020 a été la fenêtre de tir parfaite. C'est ainsi que sous le haut patronage du pianiste français François-Frédéric Guy, neuf jeunes interprètes ont joué toutes les sonates pour piano de Beethoven à l'auditorium de la maison de la radio le week-end du 26 au 28 juin 2020. 

Mon ambition initiale était d'assister à chacun des huit concerts mais rapidement, je me suis rendu compte que si je voulais faire un peu autre chose de mon week-end, et surtout, si je voulais être en mesure d'écrire à ce sujet avec toute l'implication nécessaire, il me fallait revoir ce chiffre à la baisse. Ainsi, je n'ai assisté qu'au premier concert de la série, où François-Frédéric Guy et Maroussia Gentet ont interprété à eux deux pas moins de sept sonates de Beethoven.

Mais avant d'évoquer ce concert à l'aide des notes que j'ai précieusement conservées depuis quelques mois déjà, il me semblait nécessaire de dire ce que représentent ces sonates pour moi personnellement.

Tombé dedans quand j'étais petit

D'emblée, je dois vous faire un aveux, je ne connais pas les trente deux sonates par cœur. Je ne peux pas vous citer des quantités astronomiques de références discographiques. Certaines n'impriment juste pas dans mon esprit et pourtant, je désire ardemment les connaître intimement. 

Cependant, je n'ai jamais fait de conservatoire, je joue du piano de façon rudimentaire. Mais surtout, j'ai découvert ces sonates de façon parcellaire. Elles sont intimement liées à l'enfance. Rien ne remplacera mon expérience de voir mon amis Thibault travailler l'Appassionata chez le regretté Guy qui a été un mentor pour moi et à qui je pense souvent depuis sa disparition l'année dernière. Rien ne remplacera non plus le même Thibault travaillant cette fois-ci le Presto du Clair de Lune, et ses explorations des premiers opus. Et pour faire bonne mesure, l'écoute de la sonate Quasi una Fantasia du même opus, dans une discothèque rêvée patiemment constituée par un mélomane. Et puis moi, secoué par cette musique, je m'y suis mis également à 15 ans en déchiffrant moi-même la Sonate Pathétique, que j'ai interprétée lors de mon épreuve de musique au Bac (avec un mémorable blanc en plein milieu de ma "performance").

Quelques pistes discographiques

Après l'adolescence, j'ai continué à me familiariser à ce corpus, et à découvrir davantage. Par exemple, presque par hasard, la Sonate n°2, que j'avais récupérée sur le disque dur d'un ami, et que j'ai longuement écoutée par la suite tout un été en 2013, interprétée par la pianiste Lilya Zilberstein. Et ma quête est perpétuelle, j'explore les intégrales qui ne manquent jamais de capter mon intérêt. Celle de Wilhelm Kempff naturellement. Claudio Arrau aussi (Les Adieux, l'opus 111, la N°13), plus récemment Igor Levit. Chez Andras Schiff, je vais par exemple écouter comment il gère les fugues des dernières sonates. Mais trêve d'épanchements, revenons maintenant au vendredi 26 juin 2020.

Programme du concert du 26 juin 2020
Ludwig van Beethoven
Sonate pour piano n° 1 opus 2 n° 1
Sonate pour piano n° 9 opus 14 n° 1 *
Sonate pour piano n° 10 opus 14 n° 2 *
Sonate pour piano n° 22 opus 54 *
Sonate pour piano n° 13 opus 27 n° 1 *
Sonate pour piano n° 15 opus 28 “pastorale” 
Sonate pour piano n° 29 opus 106 “Hammerklavier” 


François-Frédéric Guy piano
Maroussia Gentet piano *

François-Frédéric Guy commence par le début, à savoir la Sonate n°1 en fa majeur. Il expose le premier thème du premier mouvement avec beaucoup de clarté, dans cet accord qui se déploie en enchaînant les noires en staccato. On notera une interprétation sobre de cette sonate qui permet un peu lus de folie, notamment dans le final qui peut être un grand moment de tension. La Hammerklavier qui viendra conclure ce programme sera un moment bien plus satisfaisant où le pianiste fait valoir sa science dans l'immense fugue du dernier mouvement.

 

Maroussia Gentet quant à elle a démontré toute sa fougue et son dynamisme au cours des quatre sonates interprétées. Notamment dans la Sonate n°9 énergique et joyeuse. On soulignera également la clarté de l'interprétation de la Sonate n°10. Mais surtout, une Quasi una Fantasia de toute beauté, où tout le plaisir de l'inventivité de Beethoven s'entend sous les doigts de la pianiste. Une interprétation festive et grandiose, toute en couleurs et en délicatesse. Et une main gauche solide dans l'Adagio, avant un dernier mouvement plein de vitalité.

Un concert donné dans un contexte très particulier qui demeure un bon souvenir. Un soir de juin 2020, nous n'étions pas nombreux à avoir ce genre de privilège. Et en plus, tout cela a été capté, de sorte que, nous pouvons y retourner à notre guise.

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