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Publié par andika

Sur ce coup, je ne vais pas faire une critique musicale. D’ailleurs, je ne suis pas critique musical. Il est vrai qu’on me présente souvent comme journaliste dorénavant et que je n’ai pas toujours la force de démentir. Si cela peut faire plaisir à la personne en face de moi de penser que j’exerce cette honorable profession, je suis trop magnanime pour la priver de cette petite gratification.

Pourquoi est-que je ne fais pas de critique musicale au sujet du concert du pianiste et compositeur Florent Nagel, donné à Bercy, au ministère des finances, ce vendredi 31 janvier 2020 ? Parbleu, parce qu’en aucun cas, je ne pourrais être objectif à son sujet. Tout le monde sait que c’est mon pote ! Même si je ne suis pas journaliste, j’ai quand même une certaine sensibilité vis-à-vis de la notion de déontologie.

Mais tout cela n’est pas une raison suffisante pour ne pas vous parler du Livre pour piano que j’ai de nouveau entendu en concert, à Bercy, après l’avoir déjà entendu lors d’un concert privé fin 2018. Sans compter toutes mes écoutes du disque. Et mes lectures plus ou moins approfondies de la partition.

 

Le Livre pour piano de Florent Nagel, c’est un ensemble de pièces musicales qui opère un retour aux sources de la forme. On y trouvera notamment avec plaisir de nombreux préludes et fugues. Lorsque j’ai rencontré Florent  il y a deux ans, j’ignorais totalement de quoi sa musique était faite. J’avais juste mes préjugés sur la musique contemporaine boulezienne pleine d’atonalité. Mais il m’avait convaincu d’acheter son disque, et d’en reparler par la suite lors d’une interview. Je n’avais pas trop d’attente. Je trouvais la jaquette bleue du disque très sobre. Mais dès que la musique a jailli de mon lecteur CD, je suis tombé en amour devant ce que j'entendais. Ce que ne savait pas Florent, c’est que pendant près d’un an et demi, il ne se passait pas une seule journée sans que je n’écoute pas au moins un prélude et fugue du Clavier bien tempéré de Bach. Je ne pouvais par conséquent que aimer le livre pour piano. Parce qu’il y avait des préludes et fugues. Mais pas que. C’est aussi des rythmes qui bougent, des couleurs différentes, des ambiances particulières. Une vitalité dans l’écriture qui sollicite beaucoup la technique du pianiste. Des mélodies entrainantes comme celle du Prélude et Fugue en fa, ou le Prélude et Fugue Antica. Des prouesses techniques comme dans Hommage à Ligeti et Rautavaara.

Depuis, j’ai aussi pris goût pour le cycle des préludes et fugues de Chostakovitch mais je conserve toujours un fort attachement au livre pour piano. Et ce qui me rend le plus heureux au sujet de cette musique, c’est lorsque d’autres pianistes s’en emparent. J’ai eu l’opportunité d’entendre le Prélude et fugue en fa joué par une autre pianiste et j’ai ressenti à ce moment une grande joie. Joie de constater que cette partition se transmettait et que les interprètes s’en emparaient. Autre moment magique, lorsque Florent a offert un exemplaire de sa partition au chef d’orchestre Myung Wun Chung dans sa loge à l’issue d’un concert du Philhar’ l’année dernière à la maison de la radio. Je l'imagine depuis en parcourir les pages avec grande attention.

Mais à Bercy, endroit que je connais un peu, c’était à Florent d’interpréter de nouveau son livre pour piano. Devant un parterre composé majoritairement d’agents du ministère de l’économie, sachant que le concert commençait à 12h30. Et ce public s’avère je dois bien l’avouer assez inhabituel. Entre ces deux dames derrière moi qui débattent de leurs futures retraites, cet homme qui se demande s’il s’agit d’une création mondiale (réponse, non, je l’ai déjà trop entendu pour que ce soi une création mondiale ce livre pour piano !). J’ai également eu droit à un fou rire derrière moi, avant qu’une personne demande entre chaque morceau s’il s’agissait du dernier. Un vrai spectacle.

En ce qui concerne le jeu, le concert diffère de la tranquille stabilité du disque où les pistes s’enchainent de façon fluide et monotone. Ici, entre chaque morceau, une petite pause silencieuse. Mais surtout, des différences d’interprétation notables ici et là, dont la plus marquante se situait intitulée Quartes, prises avec un tempo un peu plus lent et bien plus de staccato que d’habitude ! Une façon d’être encore surpris par une musique que je connais pourtant si bien.

Alors oui, bien entendu, selon les instructions du compositeur, le Livre pour piano doit s’écouter comme un tout, sans prêter attention aux titres des différentes pièces, mais au fur et à mesure, des goûts se développent, et certaines pièces se distinguent ! Au final, je ne m’en lasse toujours pas !

Programme du concert du 31 janvier 2020 à Bercy

Florent Nagel

Livre pour piano

Florent Nagel

Piano

 

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