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Publié par andika

L'Orchestre Symphonique d'Euskadi, ambassadeur du Pays Basque, était de passage à Paris le samedi 25 janvier 2020 avec son directeur musical Robert Trevino pour un programme Ravel/Mahler. Avec tout d'abord, la Rhapsodie espagnole de notre compatriote avant d'enchaîner sur sa fameuse Valse. Puis de terminer ensuite avec le monumental Chant de la Terre de Mahler.

La Rhapsodie espagnole sied à merveille à cet orchestre qui vient tout droit... d'Espagne ! (Même si selon personnes au pays basque, c'est un peu plus compliqué que cela). On apprécie apprécie le son un peu diaphane de l'orchestre dans le Prélude à la nuit. Mais cela n'empêche pas d'avoir de la densité, un souci des équilibres et surtout une progression dramatique intéressante. Le motif descendant de quatre notes qui fait le thème obsède déjà. La Malaguena a un rythme dansant. Elle est pleine de dynamisme et de fluidité. La petite harmonie est quant à elle très colorée. La Habanera envoûte quant à elle avec son rythme si particulier avant que la Feria ne propose une effusion de couleurs, avec la flûte et le picolo en véritables feux follets. Et ici, il faut également saluer les superbes percussion d'Euskadi. Une entrée en matière endiablée.

La Valse qui suit n'est pas une valse viennoise plan plan. Dans l'esprit de Ravel, il s'agissait d'un tournoiement fantastique et fatal. La pulsation de la mesure à trois temps n'est pas le principal, mais l'idée de tournoiement, elle, doit prospérer. Et dans l'interprétation de Robert Trevino, on ne sent aucune pulsation, aucun tournoiement et aucune intensité. Il manque un peu de mordant dans les attaques, les cordes sont trop monotones. Mais il y a tout de même une belle énergie.

Le Chant de la Terre de Mahler est issu de poèmes chinois, mis en musique par le compositeur autrichien, qui évoquent différents épisodes. L’œuvre requiert un ténor et une mezzo soprano. C'est ainsi que Jennifer Johnston et Corby Welch rejoignent la scène.

Le timbre de la mezzo est impeccable, et son engagement est sans faille. Une profondeur, des graves admirables et tout cela s'achève dans un magnifique Abschied, déchirant. On la sent émue lorsqu'elle chante et on est ému avec elle.

Le ténor quant a lui manque parfois de luminosité dans son timbre, sa projection est timide. Même si l'intonation est satisfaisante, l'engagement dans le sens du texte, n'est pas très intense. Le chanteur ne joue pas avec le texte, lorsqu'il évoque la beuveries dans Der Trunkene im Früling, il le fait de façon très sobre. Un comble !

On regrettera également le manque de couleurs à l'orchestre, notamment au sein de la petite harmonie. Les cordes ne sont pas assez denses, et on déplore aussi parfois un manque d'intensité dans l'engagement. Mais certains moments s'imposent par eux-mêmes, notamment cet Abschied magique où tout d'un coup, Mahler se révèle dans son entier, en dépit des interprètes.

Il en ressort un concert du samedi soir honnête où nous avons eu l'opportunité de découvrir à Paris un nouvel orchestre. Et qui a eu la bonne idée de reprendre en bis la si belle Rhapsodie espagnole très réussie. Et pour les curieux, c'est toujours quelque chose de très appréciable de découvrir un nouvel orchestre.

Programme du concert du 25 janvier 2020 au TCE

Maurice Ravel

Rhapsodie espagnole
La Valse

Gustav Mahler

Le Chant de la terre

Orchestre Symphonique d’Euskadi

Robert Trevino  direction
Jennifer Johnston  mezzo-soprano
Corby Welch  ténor 

 

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