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Publié par andika

Je voulais aller à Berlin depuis très longtemps. Mais je ne me décidais jamais vraiment à franchir le pas. Notamment par paresse sans doute. Mais lorsqu'on trouve la bonne personne pour nous accompagner dans ce genre d'entreprise, tout devient immédiatement plus simple ! Alors merci à Fred d'avoir orchestré tout cela et de m'avoir permis d'assouvir ce désir très ancien chez moi ! (Et si vous cherchez bien, un lien vers son site est sur la page d’accueil de mon blog !)

Je voulais retourner à Berlin après mes séjours de collégien et de lycéen avant tout pour la musique. Je n'avais pas eu l'opportunité lors de mes précédents voyages d'aller tâter un peu de la philharmonie et de l'opéra. Par manque d'intérêt de ma part à l'époque, mais surtout parce que l'idée était encore très loin de moi et que je ne menais pas encore ce genre d'activités à Paris.

Mais en dehors de la musique, je voulais retourner à Berlin, car j'ai appris depuis mon enfance à apprécier cette ville, ce pays, sa langue, son histoire. J'ai commencé à apprendre l'allemand à l'école primaire et une fois arrivé au collège, avec des bases assez solides, je me suis dit que ce serait assez pragmatique comme choix que de décider de continuer avec cette langue et de la choisir en LV1. C'était aussi l'opportunité pour moi de me démarquer, de ne pas faire comme les autres en prenant anglais, et j'aimais cette idée. Et pourtant, j'ai failli changer d'avis. L'été 2001, avant mon entrée en 6ème, je l'ai passé à Londres. Donc, ayant été confronté à l'anglais pendant un bon mois, j'en avais oublié toutes mes bonnes résolutions. Mais cela était sans l'intervention opportune du principal adjoint de mon collège qui est parvenu à convaincre ma mère de me conseiller de rester sur mon premier choix. J'ai compris par la suite sa préoccupation en constatant que nous n'étions que quatre inscrits en classe d'allemand ! Mais à quatre, cela a été un contexte parfait pour apprendre cette langue. Impossibilité de se cacher, obligation de participer à l'oral et tout naturellement, progrès rapides et intérêt pour la matière. Au travers de nombreux textes, mais aussi de l'étude de l'histoire du pays, de sa culture. La première fois que j'ai entendu parler du festival de Bayreuth, c'est bien en cours d'allemand au collège. Et bien entendu, en tant qu'Allemand LV1, nous étions naturellement prioritaires pour les voyages scolaires prévus en Allemagne. Il y a en eu un à Munich en 6ème et un à Berlin en 4ème. Et pour faire bonne mesure, je suis retourné en Bavière pour un voyage linguistique à l'été 2004, et en ex RDA à l'été 2006 dans l'Etat du Brandenburg. A l'occasion de ce dernier voyage, j'ai eu une bonne idée de l'écart qui existait entre l'ex RDA et la RFA. Cela a été très instructif pour moi de rester trois semaines dans une famille qui avait connu le régime communiste. J'ai énormément appris.

Mais pourquoi je vous raconte cela ? Juste pour que vous compreniez à quel point ça comptait pour moi d'y retourner, et depuis combien de temps j'ai ce pays dans mon cœur. Et heureux hasard, ce séjour tombe dans la période des trente ans de la chute du mur !

Il est maintenant temps d'entrer dans le vif du sujet et de vous raconter tout ce week-end, pas que musical, vous l'aurez compris.

Vendredi 1er Novembre 2019

La Journée

Il est assez comique que la veille d'aller à Berlin pour un week-end à trois concerts prévus, je sois encore à un concert le jeudi soir. C'était pourtant le cas avec le chef allemand Cornelius Meister à la tête du National. J'en ai déjà parlé ici. Mais ce que je n'ai pas dit, c'est que cela m'a fait rentrer chez moi relativement tard (après avoir rencontré le maestro dans une brasserie à proximité de Radio France) et que je devais prendre un avion le lendemain matin à Roissy à 9h35. Rien de bien insurmontable me direz-vous ?

Et bien détrompez-vous ! Même si je n'ai jamais craint de manquer ce vol, j'ai eu quelques frayeurs. Mais d'un naturel assez prudent, je me suis quand même dit que ce ne serait pas mal de partir très tôt de chez moi, ne sachant jamais. Surtout avec le climat ambiant à la SNCF, on n'est à l'abri de rien. Et même en dehors de cela, un impondérable est si vite arrivé. Et cela n'a pas manqué !

Pour des raisons économiques et aussi écologiques (ça marche dans les deux sens), et par habitude aussi, je privilégie les transports en commun pour mes déplacements. Même s'il s'agit d'aller à Roissy qui est totalement à l'opposé de chez moi. Je l'ai déjà fait en RER et j'avais eu mon avion sans trop de difficultés lorsque j'étais parti à Copenhague il y a trois ans avec mes camarades de fac. Mais cette fois-ci, bien évidemment, pour le week-end que j'attendais depuis longtemps, prévu depuis des semaines, il a fallu que la SNCF organise des travaux sur le RER B. Et par conséquent, ce vendredi matin, aucun train n'allait à Roissy...

 

Et ça, c'était exactement le genre de chose que je ne voulais pas voir ce jour-là. J'avais pourtant vérifié la veille l'itinéraire sur le site de la RATP, mais aucune alerte n'était visible. Mais plus de peur que de mal, un VTC attrapé à Gare du Nord, et nous étions à Roissy en moins de deux (même si le chauffeur avait la fâcheuse tendance d'envoyer des sms tout en écrivant).

Après un vol sans encombre, nous voici à l'aéroport de Berlin Tegel où les choses ne sont pas les mieux indiquées du monde. La rigueur allemande en prend un coup mais elle en prendra beaucoup d'autres au cours de cette journée. Moi qui pensais m'être éloigné de certaines visions d'horreurs parisiennes, j'ai été horrifié de retrouver les mêmes atroces trottinettes Lime joncher les rues de Berlin (mais toutefois, l'invasion est moins avancée qu'à Paris). Mais en plus de ces trottinettes, j'ai même vu un automobiliste brûler un feu rouge. Vraiment, l'Allemagne, ce n'est plus ce que c'était ! Le concert de la journée état prévu à 20h, et nous avons atterri vers 11h30. Il fallait par conséquent s'occuper en attendant. Et heureux hasard, le lieu que je voulais visiter se situait juste à côté d'un endroit qu'on m'avait conseiller pour manger ! On a pu faire d'une pierre deux coups ! L'endroit pour déjeuner s’appelait le SUPER. Un nom assez engageant. Nous découvrons alors un lieu très lumineux, avec beaucoup d'espace, des tables assez simples, une décoration dépouillée. Et une ambiance très bobo. Paradoxalement, je fréquente peu ce genre de lieux à Paris. Mais contre toute attente, je m'y suis plu à Berlin. Tout ce que j'aime un peu gentiment moquer chez moi à Paris, je l'ai apprécié à Berlin ! Me voilà donc à commander un plat végétarien... Bizarrement, c'est ce qui me plaisait le plus sur la carte, c'était à base d'aubergines et de semoule, et je me suis vraiment régalé.

Gedächtniskirche

Après ce déjeuner végétarien, place maintenant à la visite de la journée qui se déroulait à la fameuse Gedächtniskirche (Église du souvenir). A l'époque de mon premier séjour à Berlin, nous avions vu ce monument de loin, sans avoir eu le temps d'y entrer. Et depuis 2004, je me disais que si je retournais à Berlin, il faudrait que je fasse cette visite. Et bien c'est enfin accompli. Elle tire son nom dans le fait qu'elle a été édifiée en souvenir de l'empereur Guillaume et de la victoire de Sedan en 1870. Lorsque j'étais adolescent, je pensais vraiment que son nom était tiré du fait qu'on l'avait laissée en l'état après les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. En entrant dedans, on peut apprendre toute l'histoire du lieu, et surtout, voir à quoi cette église ressemblait avant d'être détruite. C'est un lieu assez solennel, qui permet de se recueillir.

 

 

Après la visite de l'église, un petit goûter au café Einstein qui offre un cadre figé dans le temps, très 19ème siècle. J'ai pu y déguster un vrai strudel. Et pour faire bonne mesure, un gâteau au chocolat. Et ce en usant d'un subterfuge, j'ai fait semblant de commander le strudel pour Fred !

 

J'ai tout fini sans aucune difficulté. (Ça ne plairait pas à ma mère de savoir ce genre de chose)

Le concert

Programme

Richard Strauss

Don Quichotte, Poème Symphonique, op. 35

Ludwig van Beethoven

Symphony No. 3 en mi bémol majeur op. 55 “Eroica”

Berliner Philharmoniker

Zubin Mehta direction

Amihai Grosz alto

Ludwig Quandt violoncelle

Rien que de lire le programme, ça claque. Beethoven, Strauss, Mehta, Berliner Philharmoniker. Ce sont des noms qui évoquent forcément quelque chose lorsqu'on est mélomane. Les Berliner, évidemment en raison de leur histoire avec Karajan, puis Abbado. Lorsqu'on explore la discographie, on a des chances de tomber sur cet orchestre et ces deux chefs. Notamment pour l'Eroica, symphonie pour laquelle je suis un grand fidèle de la version de Karajan avec cet orchestre. En revanche, Don Quichotte de Strauss, je ne connaissais pas, sauf le nom bien entendu, du célèbre livre de Cervantès.

Sur scène apparait un chef très diminué, qui se déplace difficilement à l'aide d'une canne. Mais dès qu'il arrive sur son pupitre, il reprend vie, après avoir été chaudement ovationné par le public. La musique décrit au cours de plusieurs variations les aventures de Don Quichotte. On sent le gros son qui fait la réputation de cet orchestre, avec un certain sens de la narration, sans pour autant être plus impressionné que cela. Toutefois, les solistes, surtout Ludwig Quandt au violoncelle, font montre d'une certaine autorité dans le développement de ces aventures, et parviennent à exister. Et puis entendre un éoliphone, c'est toujours oui !

Je suis un dingue de l'Eroica. Cela doit être la symphonie que j'ai le plus entendue en concert. Je l'aime tellement que je vais même l'écouter jouée par des amateurs ! Voyez plutôt ici, ici et ici.

Et bien, paradoxalement, à la philharmonie de Berlin, jouée par ce qui est réputé pour être le meilleur orchestre du monde, j'ai entendu la pire Eroica de ma vie. Je n'ai pas du tout senti le souffle épique qui l'a inspiré, cette idée de révolution et de liberté qui devait déferler sur le monde. Ce moment napoléonien, quand on sait que la partition était initialement dédiée à Bonaparte. Rien n'allait dans cette interprétation. Dès les deux premiers accords, c'était à côté. On avait affaire à un chef manifestement diminué, sur qui on ne jette pas la pierre. En revanche, ce qui est impardonnable, c'est la désinvolture de ces musiciens. Car Beethoven fait partie de leur répertoire et même de leur ADN, ils doivent savoir jouer ça les yeux fermés. Chacune des interventions des cuivres était autant d'accidents, la phrase musicale devient un concept abstrait, jouer le moindre accord devient quelque chose de très compliqué. Dans la Marche funèbre, on ne retrouve aucune solennité, les contrebasses se comportent comme des éléphants entrants dans un magasin de porcelaine, la petite harmonie surnage mais ce n'est pas le grand tourment émotionnel qu'on pourrait attendre. Un manque de maitrise criant, on entend des musiciens simplement jouer des notes, sans aucune subtilité, ni tension. Le pétillant Scherzo devient ici un passage plat, long et douloureux. Et pour une raison que seul le chef connait, le Finale n'est pas enchaîné attacca. C'est dommage, ça brise l'élan de ce fantastique thème et variations. Toutefois, faire mumuse dans ce mouvement semble intéresser davantage les musiciens, on sent un peu plus de densité aux cordes, il y en a moins à côté. Mais les trois cors manquent encore une fois leur grand moment dans la coda, où lorsqu'ils récupèrent le thème, il parviennent difficilement à s'extraire de l'orchestre. Ce concert a été une très grande déception. J'ai entendu un orchestre qui a joué totalement à l'opposé de sa réputation, et même à l'opposé des nombreux disques qu'il a commis et que j'aime énormément. Mais je trouve tout de même que cette expérience a été très intéressante et enrichissante, car c'est bien de constater les choses par soi même. Et sur ce plan j'ai été servi !

 

Après-concert

Un petit dîner sur la Potsdamer Platz où j'ai pu enfin mettre la main sur une pinte de bière d'un litre et où j'ai dégusté un des fameux mets de Berlin, à vous de deviner de quoi il s'agit !

Curry Wurst

La suite au prochain épisode ! A suivre smiley

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