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Publié par andika

Troisième et dernier jour de notre séjour à Berlin en ce début du mois de Novembre 2019. Le temps tout de même de faire un musée et un concert, tout en attrapant un avion le soir. Et pour faire bonne mesure, arriver le lendemain matin au boulot comme si de rien n'était.

Rappel: Partie 1; Partie 2

Dimanche 3 Novembre 2019

La journée

Dernière journée sur place et pourtant, on ne pense pas encore au retour inéluctable, bien au contraire, on s’imprègne encore davantage de l'atmosphère de cette ville. Il est amusant de constater la présence d'Ampelmännchen sur les passages piétons. Ils remplacent les petits bonhommes rouge et vert dont on a l'habitude, et indiquent sans le moindre doute que l'on se trouve à Berlin Est. Excellent moyen pour se souvenir avec certitude de quel côté du mur disparu on est. Sur une note moins ludique, on prend l'habitude de scruter le sol afin de repérer les Stolpersteine.

Stolpersteine

Il s'agit de pavés dorés qui précisent que sur ce lieu vivait une victime du nazisme et qu'elle a été déportée. Le pavé précisant la date de naissance, le nom et la date de déportation. Autant de moments au cours des promenades qui permettent de se souvenir. Autant de pierres qui rappellent les horreurs de la guerre, car ne nous cachons pas, il est encore difficile de se rendre à Berlin ou même en Allemagne, sans penser à cette guerre et aux crimes inqualifiables qui ont été commis.

En sus des traces du passé, des caractéristiques bien actuelles de la ville de Berlin, et plus largement de la mentalité allemande, ne manquent pas de frapper le petit touriste français. En effet, il existe une véritable passion des casiers et des vestiaires dans la capitale allemande ! Pour aller au musée, passage obligatoire au vestiaire où l'on se doit de déposer son sac à dos dans un casier. Sans doute pour la crainte des responsables que quelques indélicats heurtent les œuvres exposées à cause de mouvements brusques. A la philharmonie et à l'opéra, obligation en plus de déposer son manteau au vestiaire ! Décidément ! En revanche, les valises ne sont pas prises en charge par le vestiaire de la Philharmonie. Et cela tombe mal, car pour notre dernier jour, nous devons trimbaler notre valise en vile avant d'attraper l'avion. Qu'à cela ne tienne, la gare de la Potsdamer Platz à proximité de la Philharmonie, propose une consigne. Pour la modique somme de 5€, nous avons pu entreposer nos valises dans un casier pour la journée. Ces particularités sont insolites mais elles font aussi le charme d'un séjour, et puis, là où l'Allemagne est meilleure que la France, c'est qu'il n'y est pas encore nécessaire de passer des portiques de sécurité inutiles pour entrer dans une salle de spectacle... Cela fait du bien finalement, car nous français, avons oublié depuis bien longtemps ce que c'est d'aller et venir dans un lieu public, sans avoir à montrer patte blanche.

Le concert étant prévu à 16h, il restait encore du temps pour visiter un musée. Le choix s'est porté sur le Kunstgewerbenmuseum (Musée des arts décoratifs de Berlin en français !) Il a le mérite de se situer juste à côté de la philharmonie et de permettre par conséquent de rester dans un périmètre restreint en cette dernière journée. Une exposition en particulier a attiré mon attention, elle était dédiée aux cheveux des femmes noires ! Sujet que je ne m'attendais absolument pas à voir abordé dans un musée allemand. J'ai ainsi pu découvrir la femme d'affaire américaine Madam CJ Walker qui a une histoire fabuleuse. Elle est devenue millionnaire en proposant des produits naturels pour les soins des cheveux des afros américaines. J'ai également découvert avec grand intérêt les œuvres d'Adama Ndiaye.

Adama Ndaye

 

Le concert

Programme

Heinrich Schütz

Wie lieblich sind deine Wohnungen«, Psalm 84 für 8-stimmigen Chor und Basso continuo SWV 29

Die mit Tränen säen«, Motette für 5-stimmigen Chor SWV 378

Johannes Brahms

Un Requiem Allemand op. 45

Rundfunk-Sinfonieorchester Berlin

Vladimir Jurowski Direction

Maria Bengtsson Soprano

Matthias Goerne Baryton

Cantus Domus

Chor des Jungen Ensembles Berlin

Ralf Sochaczewsky Chef de chœur

Pour ne rien vous cacher, les œuvres d'Heinrich Schütz n'ont pas tellement capté mon intérêt en cet après-midi de novembre à la Philharmonie de Berlin. D'autant plus que je n'avais de note de programme à disposition. En revanche, le Requiem allemand de Brahms m'est beaucoup plus familier. Je l'avais entendu il y a quelques années à l'église de la Madeleine par un chœur de médecins allemands. Très beau souvenir, sachant que c'était la première fois que j'entrais dans ce lieu.

Par un heureux hasard, nous retrouvions le chef russe Vladimir Jurowski, qui sévissait également la veille à l'opéra comique ! Et quelle joie également de découvrir à l’œuvre le baryton allemand Matthias Goerne ! Pour ce concert, nous avons droit à un autre orchestre berlinois, le Rundfunk-Sinfonieorchester. Il a été fondé en 1923 puis s'est situé à Berlin Est à l'époque du mur. Même s'il ne jouit pas de l'éclatante réputation des Berliner, au moins, lui, n'a pas été décevant !

Brahms compose son Requiem peu de temps après la mort de sa mère en 1865. Mais au lieu de piocher dans la messe de requiem latine habituelle, il va aller picorer ici et là des textes dans les évangiles. Ainsi, ce qui est chanté est en langue allemande, et même s'il s'agit de musique sacrée, elle ne cadre pas totalement avec la liturgie. Même si l’œuvre porte le nom de Requiem, elle apporte beaucoup de chaleur et de réconfort. Dans sa version avec orgue qui a été donnée ce jour là, sa force en est encore décuplée.

Le chef attend le silence le plus absolu avant de démarrer, et là, tout de suite, l'orchestre joue juste ! Ce n'était pas une habitude dans cette salle pour moi ! Trêve de plaisanterie, l'irruption de l'orgue dans le Selig sind fait littéralement trembler la salle. L'orchestre est soyeux mais également puissant, et on sent bien ce sentiment de victoire face à la mort que le texte affirme à un moment. Les tuttis sont tous plus impressionnants les uns que les autres et les émotions ne tardent pas à poindre tellement l'intensité est omniprésente. Dans Herr, lehre doch mich, dass ein Ende mit mir haben muss, Matthias Goerne n'a aucune difficulté à projeter dans l'immense volume de la philharmonie de Berlin, dans un léger vibrato et une prosodie parfaite en allemand, il parvient à faire vivre le texte avec beaucoup de maîtrise. Son timbre, avec un medium étonnamment haut fait merveille dans ces pages. La soprano Maria Bengtsson n'est pas en reste dans sa partie Ihr habt nun Traurigkeit . Sa manière de dire la tristesse donne des frissons. Elle projette utilement sans toutefois donner l'impression de crier, son timbre est un peu sombre, mais cela ne voile pas ses aigus, et au contraire, cela sert le texte. Enfin, saluons le chœur dans Wie lieblich sind deine Wohnungen, Herr Zebaoth où la polyphonie, le rythme, et la pulsation ne sont qu'émerveillement.

Une direction exemplaire, un chœur et un orchestre de gala, des solistes concernés, pour un sublime Requiem Allemand de Brahms dans une salle tout aussi superbe. Vladimir Jurowski est parvenu à trouver des équilibres subtiles, tout en lâchant toutes les forces nécessaires dans les moments les plus intenses. De quoi faire vaciller le plus insensible.

Conclusion

J'ai passé un week-end très riche culturellement en très agréable compagnie. Musicalement, il avait très mal commencé avec un concert médiocre des Berliner Phiharmoniker, et je pèse mes mots. Mais la qualité musicale est allée crescendo, avec tout d'abord un opéra intriguant le samedi soir (The Bassarids), avant sans doute un de mes dores et déjà meilleurs concerts de la saison 2019/2020, avec ce sublime Requiem allemand du dimanche. Bilan des courses, un week-end très positif mais pas forcément des plus reposants ! C'est pour cela que c'est à refaire au plus vite !

Moi devant la philharmonie de Berlin

 

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