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Publié par andika

C'est l'été ! Et pourtant l'Orchestre National de France a pris l'habitude de rester à Paris au mois de juillet depuis de nombreuses années. Tout d'abord pour le fameux concert du 14 juillet dans lequel il est tout à fait indiqué. Mais maintenant, il ne se cantonne même pas au Champ de Mars ! En effet, il était présent à l'auditorium de Radio France le mardi 9 juillet 2019 pour un programme des plus plaisants sous la baguette d'une vieille connaissance de la maison ronde, le chef roumain, résidant aux États-Unis, Cristian Măcelaru. Avec premièrement, La Valse de Maurice Ravel, puis la Suite issue du Chevalier à la rose de Richard Strauss et enfin rien de moins que la Symphonie du nouveau monde d'Antonín Dvořák. Concert donné au bénéfice de la Fondation Musique et Radio - Institut de France.

Il fait quand même super jeune sur cette affiche Cristian Macelaru !

Il fait quand même super jeune sur cette affiche Cristian Macelaru !

La Valse de Ravel, qui porte le surnom de poème chorégraphique, est issue d'une commande de Diaghilev pour les ballets russes. On connait ce nom parce qu'il avait également commandé de la musique à Stravinsky pour ces mêmes ballets. Toutefois, en ce début des années 1920, lorsque Ravel fit entendre son travail à Diaghilev, ce dernier dit qu'il n'était pas possible de danser dessus. Chacun se fera juge de cela, en revanche, il est tout à fait possible d'écouter ces pages orchestrales absolument grandioses. Orchestre richement doté d'ailleurs avec une petite harmonie bien fournie, renforcée par le picolo, le cor anglais et la clarinette basse. Des percussions à foison et deux harpes. Et malgré ce très large effectif, tout commence dans un murmure. La pulsation est présente mais reste sous-jacente. On ressent le rythme de la valse sans pour autant que cela ne devienne obsessionnel. La mélodie se déploie, le chef construisant ses phrases avec précision. La progression de l'ensemble est naturelle tant et si bien que lorsque les dynamiques vont vers plus d'intensité, l'effet n'en est aucunement diminué, bien au contraire. L'exemple de la coda le montre. De nombreux passages jubilatoires mettant en avant certains instrument sont également à souligner, notamment les timbale, la clarinette basse, le cor anglais et le picolo. Ravel avait dédié cette valse à une certaine Misa Sert, c'est qu'il devait beaucoup l’apprécier ! Une œuvre à écouter absolument en concert !

La Suite issue du Chevalier à la rose de Strauss est une des nombreuses suites qui existe de cet opéra. Cette version de 1946 est la plus riche et la plus donnée. On y sent tout le lyrisme de l'opéra avec ses épisodes les plus emblématiques, avec un romantisme exacerbé. Du pathos, de la sobriété mais aussi un gros son obtenu par le chef qui n'est pas forcément dans les habitudes de l'ONF. Une tendance indiquant que la rencontre entre Macelaru et le National se passe plutôt bien.

Après l'entracte, une des symphonies les plus célèbre du répertoire. Même une personne ne s'intéressant pas à la musique classique connaît forcément des thèmes de la Symphonie n°9 de Dvořák ! Sans doute la raison pour laquelle l'auditorium était aussi bien rempli pour ce concert estival. C'est quatre mouvements d'un maelstrom musical ininterrompu où chacun a ses thèmes marquant. Dvořák la compose en 1893, à New-York. Il s'était donné pour mission avec sa musique de donner une identité musicale aux États-Unis, très jeune pays en recherche culturelle constante. Du terreau local, fait de spiritual et de rythmes indiens, mais aussi en s'inspirant de sa Bohême natale, Dvořák va livrer un résultat saisissant qui, s'il ne dépeint pas forcément le Nouveau monde, le représente aujourd'hui aux yeux de tous. La vision du chef Cristian Măcelaru était intéressante à découvrir. Lui aussi originaire de l'Europe de l'Est. Lui aussi parti faire de la musique aux États-Unis, cette partition a donc des affinités avec son histoire personnelle. Le début du premier mouvement noté Adagio – Allegro molto est très doux. Puis dès que la partie allegro arrive, alerte et bondissant. Tempo très allant tout en ne négligeant pas l'équilibre des plans sonores. L'interprétation du chef est intense et subtile et il parvient à obtenir des couleurs slaves de l'Orchestre national de France. Ce côté Bohême est irrésistible, surtout dans le second thème. Saluons ici le pupitre de cuivre qui tient un rôle fondamental dans cette partition et qui y fait merveille. Sans transition, le deuxième mouvement, noté Largo, commence avec les cuivres et les bois. Ce fameux thème au cor anglais apparait, il figure si bien si bien ce nouveau monde, ces contrées vierges, ces terres lointaines qu'on découvre. Le voyage vers l'infinie découverte. Ici, on sent toute l'élégance française dans les bois de l'ONF. Les silences sont habités et c'est le temps d'une intense réflexion sur ce monde plein de possibilités qui s'ouvrait aux yeux du compositeur. En revanche, lorsque le thème revient aux cordes, le côté Bohême fait aussi son retour. Pour ne plus nous quitter dans le troisième mouvement, Scherzo : Molto vivace ! Une fois de plus, l'inspiration de ce mouvement fait un crochet par la 9ème de Beehtoven. Quelle richesse, quelle intensité. Les coups de timbales frappent l'oreille, le tempo allant est plein de nervosité. Le côté âpre aux cordes qui gratte abondamment (ah ces coups d'archet ciselés) occasionne une immense tension. Il se passe tellement de choses musicalement à chaque pupitres ! Grand moment de plaisir avant le final connu de tous, plein de démesure. En effet, comment ne pas entrer en transe devant cet Allegro con fuoco ? Mais quand on est chef, il faut garder aussi le contrôle. Et c'est ce que parvient à faire Cristian Măcelaru notamment avec un phrasé ciselé et très sec. Par exemple dans ce thème célèbre joué aux cuivres. Cette sécheresse frappe tant le legato est utilisé avec parcimonie. La gestique enthousiaste du chef, constamment au maximum de son intensité permet à l'édifice de ne jamais tomber. Il en ressort un ensemble cohérent, précis et surtout très séduisant. Excellent concert en plein été à Paris, qui a su trouver son public et qui de surcroît, était pour la bonne cause !

Programme

Maurice Ravel
La Valse

Richard Strauss
Le Chevalier à la rose, suite

Antonín Dvořák
Symphonie n°9 "Nouveau Monde"

Orchestre National de France
Cristian Măcelaru direction

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