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Publié par andika

Il se tient actuellement actuellement au Musée d'Orsay une exposition portant sur le modèle noir. Il s'agit de voir comment en peinture et en sculpture, en occident, comment le modèle noir a été appréhendé par les artistes. Cela permet de s'interroger sur la place dans la société qu'ont pu occuper les noirs à diverses époques, mais cela permet également de revenir sur certains épisodes historiques, comme par exemple les abolitions de l'esclavage en France.

En sus de cette exposition, diverses manifestations artistiques étaient organisées pour lui faire écho. C'est dans ce contexte que le Secession Orchestra, formation à géométrie variable du jeune chef Clément Mao-Takacs, a donné un concert ayant pour thème le tumulte noir. Ils étaient accompagnés du baryton Edwin Fardini et de la comédienne Mata Gabin pour un programme sortant des sentiers battus et mettant utilement en musique l'exposition.

Les artistes à l'issue du concert dans l'auditorium du Musée d'Orsay

Les artistes à l'issue du concert dans l'auditorium du Musée d'Orsay

Le fait d'avoir une récitante permet de dynamiser encore davantage la musique et de l'ancrer encore plus dans le sujet de l'exposition. Mais aussi de faire face à un vrai sujet de société sur la représentation des noirs, que ce soit dans l'art, ou dans la vie quotidienne. Au travers de textes divers auteurs  (Toni Morison, Marguerite Yourcenar...), et d’improvisations, Mata Gabin a livré un large spectre de la question, avec humour souvent, mais aussi beaucoup de profondeur. Bien que placée sur le côté de la scène, sa présence était pourtant bien réelle. On retiendra particulièrement son anaphore "Ce que j'aime chez les noirs." Tout y passe, tous les stéréotypes et les impertinences que l'on peut imaginer. Cela venait bien renforcer le sentiment de gêne que l'on pouvait ressentir à l'écoute de la  Rapsodie nègre de Francis Poulenc, chanté brillamment par Edwin Faradini. Texte en petit nègre, insupportable ostinato au piano, effet garanti.

On apprécie également la musique, avec beaucoup de compositions du 20ème siècle. Ça bouge, ça swingue. Et même avec peu d'instruments sur la scène dans quelques morceaux, le Sécession orchestra sonne très bien. On apprécie le sens du rythme et les couleurs imprimés par le chef dans In the Bottoms de Robert Nathaniel Dett. Le geste du chef étant très élégant et démonstratif. Dans Symphonische Gesänge de Zemlinsky, on apprécie également la voix claire, affirmée et grave d'Ewdin Faradini. La profondeur qu'il imprime au texte qu'il chante avec sérieux avec un bel emploi de la voix de poitrine. On remarque aussi les bois piquants dans Langvad, de Eleonor Alberga pour sa création française. Enfin, le final en fanfare avec Sensemayá de Silvestre Revueltas. Rythmique endiablée, orchestre opulent, mélodies dansantes. L’œuvre de ce compositeur mexicain ponctue avec panache cette mise en musique du modèle noir.

Concert qui en apprend beaucoup en embrassant son thème de la façon la plus large possible. Sans pourtant oublier de faire de la musique, et surtout, de faire découvrir des choses au public. Car en effet, en plus du concert, une conférence était organisée en amont. Et il était encore possible d'échanger avec les artistes à l'issue du concert. De sorte que Clément Mao-Takacs, et le Secession Orchestra ont rempli leur mission haut la main.

Programme

Tumulte noir

Black is beautiful
Clément Mao-Takacs, direction
Secession Orchestra

Edwin Fardini, baryton
Mata Gabin, récitante


Robert Nathaniel Dett
In the Bottoms, Suite
Alexander Von Zemlinsky
Symphonische Gesänge, op. 20
Claude Debussy
The little nigar, FL 122
Francis Poulenc
Rapsodie nègre, FP 3
Eleonor Alberga
Langvad, Œuvre en création française
Silvestre Revueltas
Sensemayá

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