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Publié par andika

Les personnes qui lisent ce blog régulièrement doivent commencer à être familières du pianiste et compositeur Florent Nagel. Après avoir assisté à une représentation de son Alice en compagnie de jeunes écoliers, j'ai eu l'opportunité de l'interviewer au sujet de son livre pour piano. Il était justement question de ce recueil de pièces pour piano lors de ce concert privé à Chaville du 10 novembre 2018.

Florent Nagel interprétant le Livre pour Piano

Florent Nagel interprétant le Livre pour Piano

Ce qui est certain c'est que le disque est une chose et que le concert en est une autre. Drôle de concert d'ailleurs, tout à fait inédit pour moi. Privé, chez l'habitant, dans une pièce spacieuse pour vivre, mais qui a vite fait d'être emplie par le son du piano. Ce qui donne une atmosphère très intimiste, comme à la maison et une acoustique assez intéressante et inhabituelle pour qui est habitué des grandes salles parisiennes.

Le Livre pour piano, c'est quoi ? Ce sont 25 pièces pour piano qui reviennent aux sources de la forme musicale. En près d'une heure de musique, on goûte à des préludes et fugues dans la lignée de Bach au niveau de la forme. Mais on découvre également un langage de notre temps, qui ne cesse d'être en mouvement, de danser. Mais parfois, on se pose et on contemple. Différentes ambiances pour un parcours des plus étonnant et passionnant.

Le premier prélude en fa est une belle introduction, un enchaînement d'accords au début permet de prendre la mesure de l’acoustique de la salle avec une belle réverbération, sans toutefois saturer. La fugue qui suit est diabolique, endiablée, furieuse, tout en restant très ordonnée dans la forme. L'écriture des cette fugue est très rigoureuse, on perçoit bien le motif principal, les reprises sur les autres voix mais on sent également une grande liberté.

La liberté et l'énergie sont les mêmes dans les Quartes qui suivent. Rythme obstiné, presque maladif, syncopes, contretemps, on entend une danse un peu macabre  et on apprécie la force de la main gauche de Florent Nagel dans ces pages. Main gauche toujours aussi impressionnante dans La frénésie continue dans la Burlesca, notamment dans les basses. Tout cela évoque deux mots: simple et féroce. Mais il y a aussi des moments de vraie contemplation comme dans ce merveilleux prélude Antica, très touchant. Le temps est suspendu tout d'un coup, avec cette main gauche qui ne cesse de s'égrener sur le clavier. Comme une question qui resterait constamment sans réponse. La fugue qui suit quant à elle est d'un niveau très élevé. La fugue en ut s'avère aussi très intéressante, notamment par son côté un peu scolaire. Cette alternance d’œuvres entêtantes, entrainantes, parfois violentes avec des morceaux plus calmes offre du contraste, des chocs et beaucoup de plaisir. Surtout, visuellement, "voir" le livre pour piano être joué devient très intéressant. Notamment lors de l'Ostinato en la qui s'amuse avec les extrémités du piano. On constate alors que le recueil concerne bien les 88 touches de l'instrument ! Dans Octaves, les deux mains vont dans tous les sens et c'est très impressionnant et virtuose. Dans le prélude en Sol, Florent Nagel agrippe carrément le piano de la main droite et joue avec sa seule main gauche pendant un certain temps.

Chose appréciable, c'est que le livre pour piano ne cesse de se découvrir et de se redécouvrir à chaque audition. Plus on l'écoute, plus on l'aime tant il est d'une richesse infinie. Mais mieux que le disque, le concert permet de vraiment prendre conscience de la grandeur de cette musique.

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