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Publié par andika

Yannick est le nouveau film de Quentin Dupieux, cinéaste iconoclaste dont les films peuvent prendre littéralement toutes les directions. Il a pour sujet une représentation théâtrale qui dégénère suite à l'interruption d'un spectateur dénommé Yannick (très intense Raphaël Quenard). Et ce thème est parfait pour Dupieux car, le théâtre est définitivement le lieu où tout est possible. Directement en prise avec la société. Spectacle vivant par excellence où la performance dépend tout aussi bien des acteurs que des spectateurs, il s'agit d'une discipline qui ne se démode pas malgré les milénraires qui passent.

Et comme tout est possible au théâtre, cela signifie qu'on peut s'attendre au bon comme au moins bon. Et ce théâtre de boulevard, vaudevillesque n'est pas du goût de Yannick qui a dû prendre un jour de congés pour venir. Et au lieu de lui faire oublier ses problèmes, la pièce le fait se sentir plus mal. Lui le veilleur de nuit solitaire, un peu brut de décoffrage, loin de la bourgeoisie parisienne. Venant spécialement de Melun pour l'occasion, il en veut pour son argent !

En règle générale, les comédiens peuvent parfois interpeller le public, soit que ce soit prévu, soit que ce soit de l'improvisation. En revanche, que le public s'adresse directement aux comédiens pendant la représentation est un interdit accepté par tous. Et pourtant, il résulte ici un résultat purement théâtral.

En bravant une règle immuable, Yannick crée un moment particulier. Les autres spectateurs s'en mêlent. Ils deviennent à leur tour acteurs. Mais le plus étonnant, c'est qu'ils restent jusqu'au bout. Et même s'ils sont maintenus dans la salle par la contrainte (assez mince) de Yannick, ils ne ne tentent pas de partir. Car ils sont parti prenante du spectacle et du moment qui se déroule.

Et c'est là qu'on touche du doigt ce qu'est l'art du théâtre. Avant l'écriture, le jeu d'acteur, les différents registres comiques, le théâtre est avant tout un moment que l'on passe ensemble. Ainsi, les comédiens doivent toujours sentir la salle. Mais cela est difficile lorsqu'elle est clairsemée. D'un autre côté, les spectateurs doivent tenir jusqu'au bout. Mais aussi réagir dans les limites de ce qui est autorisé, à ce qui se déroule sur scène.

L'échange que peut avoir un comédien avec un spectateur à l'issue de la pièce est incomparable avec ce qui se passe dans Yannick, qui est une proposition radicale. Et grandement séduisante pour qui aime le théâtre. Malheureusement, à la fin d'une pièce, c'est toujours le moment de revenir à la réalité.

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