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Publié par andika

L'été, c'est la saison la plus chaude parmi les quatre. Et on ne parle pas ici de température à l'ombre mais bien de passion, de volupté, de sensualité, de rencontres, d'émois, d'amour... Et souvent, cet amour reste cantonné à l'été, justement. Car il est tellement plus facile de lâcher prise lorsqu'il fait chaud, qu'on est moins vêtu, que les corps des autres se découvrent, qu'on expose un peu plus le sien aussi d'ailleurs.

Et c'est ce thème de l'été qu'a choisi François Ozon pour son nouveau film, librement adapté du roman d’Aidan Chambers, "La Danse du coucou" ouvrage que le réalisateur avait lu justement lors de l'été 85. Il en a surtout conservé une structure narrative non linéaire, faite de flashbacks, et de révélations parcellaires au fur et à mesure de l'histoire.

Cette structure narrative annonce d'emblée un drame avant de se plonger dans ce qui y a amené. Cela permet d'extraire le film d'un genre plus léger qui ne ferait que questionner les personnages sur leurs sentiments. Même si l'espace d'un instant, on peut se sentir comme chez Rohmer (la présence de Melvil Poupaud au casting n'y est pas étrangère), on remarque rapidement qu'il ne s'agit pas d'un simple conte d'été.

Parce que chez Ozon, on consomme, on consume. Et puis, ici, on narre les aventures d'un couple homosexuel.  Alexis 16 ans (excellent Félix Lefebvre) chavire, est secouru par David 18 ans (magnétique Benjamin Voisin), et c'est l'amour au premier regard. Et ce qui ajoute du piquant à cette relation, c'est sa clandestinité, à une époque où il n'était pas encore forcément admis d'assumer publiquement son homosexualité. Et toute la panoplie de l'été y passe, promenade en moto les cheveux au vent, fêtes foraines et amour l'après-midi.

Lorsque le premier succombe à la passion et fait des projections sur l'objet de son amour, l'autre envisage les choses de façon beaucoup plus légère. Et même si David invite son cadet au lâcher prise au début lors d'une très belle scène en moto, c'est Alexis qui va se retrouver rapidement étourdi par la vitesse. La métaphore de la balade en moto, de la conduite dangereuse, de la vitesse qu'on va chercher et dont on ne s'aperçoit pas forcément, est très efficace pour décrire cet amour naissant.

Les choses peuvent aller vite l'été, dans un sens comme dans un autre. Tout cela peut se terminer aussi rapidement que ça a commencé. Et il faut savoir y faire face. Faire le deuil de cet amour perdu peut s'avérer parfois difficile. Surtout lorsqu'un serment mystérieux entre en jeu.

Les choses peuvent aller d'autant plus vite lorsqu'un élément perturbateur vient bousculer l'harmonie. Le personnage de Kate (étrange accent britannique de la part de Philippine Velge) va servir de catalyseur à l’explosion de l’idylle mais aussi, de couverture subreptice. Mais elle permettra également de faire gagner le récit en profondeur.

Été 85, c'est un cinéma de la passion, de la sensation, de l'excès, de l'ivresse, du tournis. La direction artistique, la photographie, tout rappelle les années 80 avec beaucoup de justesse. Le récit manque toutefois un peu de densité et de richesse, notamment dans la motivation des personnages. Mais cela n'empêche pas de passer un bon moment car après tout, c'est l'été et on est là pour s'amuser.

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