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Publié par andika

Les 27 et 28 avril 2019, la Philharmonie de Paris organisait un week-end consacré au compositeur russe, Serge Rachmaninov. Rachmaninov, on connait surtout le virtuose du piano, qui composait des accords injouables. Mais il s'agit d'un compositeur à part entière, qui s'est consacré à tous les genres, et qui ne s'est pas seulement cantonné à son cher instrument. Ainsi, il laisse des symphonies, des concertos pour piano, des opéras, des poèmes symphoniques et même de la musique sacrée.

Il était justement question de musique sacrée dans la salle des concerts de la Cité de la musique en ce samedi 27 avril 2019, avec Les Vêpres de Rachmaninov chantées par le Choeur de l'Orchestre de Paris dirigé par Grete Pedersen.

Le Choeur de l'Orchestre de Paris est sans doute ce qui se fait de mieux dans la capitale pour le chant choral. Souvent source de miracle lorsqu'il accompagne l'Orchestre de Paris dans certaines œuvres. On se souvient par exemple d'un Réquiem de Verdi ou d'une 2ème de Mahler. Il est donc très agréable et très excitant de le voir prendre toute la lumière pour un concert à capella. 

Rien de mieux que ce répertoire de musique sacrée russe pour faire briller des voix. Le rite orthodoxe recèle de véritables pépites et les Vêpres en font partie. Composées en 1915, deux années avant la Révolution russe d'Octobre 1917, elles ont par la suite longtemps été interdites en URSS. La religion n'y étant pas en odeur de sainteté. Cela a conduit a un oubli prolongé de l’œuvre au cœur du 20ème siècle. Mais cette fêlure de l'Histoire est maintenant réparée, tant cette musique est belle et profonde, notamment de par l'usage des basses. Le compositeur demandera d'ailleurs l'exécution des Vêpres pour ses obsèques.

Les Vêpres, c'est le service du soir dans un monastère. Un moment de tranquillité, de recueillement et de méditation profonde. Un moment dans la nuit réparatrice qui permet de retrouver le calme après une journée de dur labeur. Bien que la vie monacale soit assez sobre en générale, cette idée nocturne n'est pas sans incidence sur cette musique. Que ce soit l'emploi de certains modes, ou l'usage de tempi modérés. La direction de Grete Pedersen est efficace pour installer immédiatement une ambiance propice au calme, que ne renierait pas des personnes qui prient quotidiennement. L'intervention d'une basse du chœur pour un solo introductif, dans un engagement et une diction impeccables, permettent une immersion instantanée dans l’œuvre. On est étonné d'entendre les réponses du ténor Anton Kuzenok venir de l'arrière de la salle. L'effet produit est très intéressant. Même éloigné de la scène, sa présence, son timbre et son chant parviennent à captiver l'attention. Mais que dire de la mezzo Séraphine Cotrez. Un timbre d'une couleur marquée qui correspond clairement à l'idée que l'on se fait d'une mezzo. On ne se pose pas deux fois la question pour savoir de quelle tessiture il s'agit tant ce qu'on entend est sombre, grave et dense. Voix encore jeune mais déjà tellement intéressante, avec beaucoup de personnalité dans la récitation du texte en russe. La ligne musicale constamment intelligible dans ses interventions, elle parvient à proposer quelque chose à chaque prise de parole. Mais rendons à César ce qui appartient à César. La véritable star de ce concert, c'était bien le Choeur de l'Orchestre de Paris. Une cohésion à toute épreuve. Une polyphonie exquise et surtout, une immense palette de nuances permettant  de transmettre diverses émotions. La rencontre avec Grete Pedersen s'avère être un succès tant elle a des choses à raconter avec cette musique. Un crescendo de toute beauté avec une puissance de feu dans le 5. Nunc dimittis/ Maintenant, Maître, tu laisses aller ton serviteur. Une précision diabolique de la poyphonie dans 7. Hexapsaume: Gloire à Dieu au plus haut des Cieux. On saluera également ces basses qui pour le coup, n'avaient rien à envier à un chœur russe. La prosodie étant d'ailleurs à saluer sachant qu'il ne s'agissait pas de leur langue. De quoi définitivement être emporté.

Quand on entend les chanteurs du Choeur de l'Orchestre de Paris dans ce répertoire, on ne peut que désirer en avoir davantage. Après Rachmaninov, pourquoi pas du Schnittke ? Il y a quelques partitions de ce compositeur russe qui valent aussi d'être chantées et surtout, d'être entendues. Aussi à Paris !

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