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Publié par andika

Maïwenn revient avec son nouveau film près de trois ans après le passable ADN. Mais là où son précédent long métrage paraissait parfois un peu brouillon, Jeanne du Barry impressionne par sa maîtrise, tant du côté de l'écriture que de la mise en scène. Là où ADN étai parfois impudique, Jeanne du Barry s'illustre par sa retenue et son élégance. Maïwenn, en optant pour le film d'époque, en costume, filmé à la pellicule 35mm, livre une œuvre mémorable.

Le sujet de Jeanne du Barry, dernière favorite du roi Louis XV, permet à la réalisatrice d'explorer des thèmes forts. Comment une fille de rien grimpe l'échelle sociale. Comment l'étiquette de Versailles étouffe le monarque. Comment une femme du 18ème siècle parvient à vivre librement, et se retrouve finalement confrontée à l'animosité d'autres femmes.

Dans cet itinéraire singulier d'une femme du peuple, la voix off guide le spectateur avec douceur et finesse. Les plans sont soignés et l'inspiration du Barry Lyndon de Kubrick se fait sentir (les quelques plans en plongé, cadrés comme des tableaux de maître). Mais ici, la vox off ne dévoile pas l'intrigue, elle ne fait qu'accompagner. De la jeunesse de Jeanne qui reçoit une solide éducation, à son bannissement de chez son bienfaiteur à cause de sa beauté qui occasionne la concupiscence de ce dernier, le rythme du film est soutenu et permet d'entrer dans le film.

L'arrivée à la cour du roi de France est l'élément perturbateur de cette histoire. L'irruption du personnage de Louis XV amène une dose de mystère et de tension. Johnny Depp, dans son jeu, très subtile, inonde l'écran. Son mutisme, ses gestes, ses manières, sa posture. Tout dégage chez lui de la majesté et du charisme. Et plus il interagit avec la Du Barry campée par Maïwenn, plus son jeu s'allège. Plus il sourit et plus il redevient humain et non plus ce monarque enfermé dans le protocole.

La reconstitution des coutumes de la cour de Versailles permet de se moquer habilement de l'étiquette, avec un roi qui devient l'acteur principal d'un spectacle suranné (la scène du lever du roi et à ce titre éloquente). Mais ce qui frappe, ce sont les différentes personnes qui cohabitent dans cette cour et les rapports de force qui s'y nouent. Maïwenn excelle dans l'illustration fine de ces relations qui jalonnent le film. 

Et dans ces rapports de force, à mot couvert, on voit déjà poindre les ferments de la Révolution française qui ne tardera pas à arriver.

Maïwenn signe un film beau visuellement, à l'écriture et aux dialogues soignés avec des comédiens excellent. Jeanne du Barry est un personnage fécond, qui s'épanouit bien dans un long métrage.

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