Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Pages

Publié par andika

Mourir peut attendre est le cinquième et dernier film James Bond avec Daniel Craig dans le rôle titre et il sort enfin au cinéma après divers reports pour cause de pandémie. La particularité des James Bond de Daniel Craig, c'est que pour la première fois, ils présentent une continuité narrative. Chaque film est la suite plus ou moins directe de l'autre (à l'exception notable de Skyfall qui est un peu à part). Cela présente certains avantages, comme l'attachement au personnage qu'on a (re)découvert à l'occasion de Casino Royale en 2006. Mais cela présente aussi un gros inconvénient dans l'écriture, où l'on sent que pour raccrocher les wagons, les scénaristes forcent un peu. Et c'était tout le problème de Spectre en 2015.

Pour cet opus, pour la première fois de l'histoire de la franchise, un américain est derrière la caméra, à savoir Cary Fukunaga, connu notamment pour son travail sur la première saison de True Detective. Arrivé après le départ précipité de Dany Boyle du projet, il avait la lourde tâche de conclure l'arc Daniel Craig. En reprenant le film, il a également réécrit le script.

Mais avant même de savoir ces péripéties, le film Spectre montrait bien la direction qu'allait suivre sans aucun doute sa suite. 007 avait retrouvé la fille de M White, à savoir Madeleine, et à la fin, il filait le parfait amour avec elle. Et un James Bond amoureux, prêt à se marier, c'est un Bond déjà presque veuf. Et cela nous rappelle forcément Au Service Secret de sa majesté (1969) de Peter Hunt.

Et Mourir peut attendre est bel et bien un remake de ce film. Mais un remake qui ne s'assume pas en tant que tel. Les références et clins d'œil sont pourtant nombreux, notamment cette fameuse réplique que l'on entend plusieurs fois "We have all the time in the world." Il s'agit d'ailleurs du titre de la chanson de Louis Amstrong utilisée pour le générique de fin. 

Donc ce film essaye de nous construire un drame. Cependant, même si on est attaché à ce Bond, on a peut-être un peu plus de mal à être investi dans ses relations avec les autres personnages. Avec au premier plan Madeleine, jouée par une Léa Seydoux quelque peu insipide. Et si le besoin d'en revenir constamment au personnage de Vesper se fait sentir, c'est bien parce que cette intensité n'a jamais été retrouvée depuis lors.

Ce James Bond tente de faire du neuf avec du vieux en détournant ses thèmes fétiches. Ainsi, ses relations avec les personnages féminins seront totalement à l'opposé de ce que l'on a pu connaitre. Teintées ici de respect et même parfois de timidité, (scène à Cuba avec Ana de Armas, rôle complice et d'égal de Naomi). Et sur ce point, le film est une réussite. Là où le film échoue, c'est pour créer du drame tant il est largement inférieur à son modèle. 

Le film pâtit grandement de sa longueur et aurait gagné à avoir un montage plus dynamique. Les méchants ont ainsi trop peu de présence à l'écran, alors même que Safin (terrifiant Rami Malek) impose un grand malaise à chacune de ses apparitions. Son calme constant, ses manières et son ton qui ne s'élève jamais, inquiètent. Son élocution lente avec son accent, son visage marqué, en font un méchant mémorable, aux motivations diaboliques. Blofeld de son côté a un rôle plus modeste mais Christoph Waltz est toujours aussi plaisant. 

Cependant, l'ambiance crépusculaire, le drame ambiant qui arrive inéluctablement, la nostalgie, le mal incurable qui traine, tous ces éléments sont plutôt réussis. Malgré la photographie étrangement lumineuse. Mais plutôt de façon artificielle, comme un songe où l'on attend simplement de se réveiller. L'atmosphère crépusculaire, loin de la gloire d'antan, dans un Royaume-Uni post Brexit est on ne peut plus d'actualité. Ralph Finnes en M semble dépassé, Bond a toujours un coup de retard, et pour une fois, se retrouve vraiment en fin de cycle, au sens propre comme au sens figuré. La musique discrète et lente de Hans Zimmer, ainsi que la chanson du générique de Billie Eilish renforcent cette atmosphère. Mais ce n'est pas pour autant que nous n'avons pas droit à de superbes scènes d'action, avec des idées visuelles décoiffantes (course poursuite en forêt, une Aston Martin toujours aussi bien employée). No time to die est un film plein d'ambition, qui réussit certaines choses et d'autres moins. Comme on le dit, qui trop embrasse mal étreint, cependant, pour un adieu à Daniel Craig, ce film marquera sans aucun doute. Heureusement que nous savons que James Bond reviendra ! Mais avec qui ?

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article