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Publié par andika

Etant déjà un fervent habitué des midi trente du National, j'ai décidé de me lancer dans le Philhar' intime. Toujours la même formule, il s'agit d'un concert en comité restreint faisant échos au concert donné la même semaine par tout l'orchestre. Là où cela diffère, c'est que les musiciens de l'Orchestre Philharmonique de Radio France reçoivent des invités, souvent le soliste qui a eu à se produire dans un concerto avec eux. Autre différence notable, point de Saskia De Ville à la présentation ! Enfin, là où les musiciens du National se produisent au studio 104, ceux du Philhar ont pour eux le grand auditorium de Radio France. 

Le Philhar' intime du dimanche 10 mars 2019 se déroulait dans la continuité du concert du 6 mars qui avait proposé un programme 100% Chostakovitch. Le pianiste russe, Andrei Korobeinikov faisait ainsi son retour pour participer au Quintette pour piano, deux violons, alto et violoncelle en sol mineur opus 57 de Dmitri Chostakovitch. Mais avant cela, le programme offrait la Suite de jazz no 1 du même Chostakovitch, dans un arrangement de Jean-Claude Gengembre pour quatuor à cordes, accordéon et percussions, ainsi que la DSCH Fantasy pour violoncelle, accordéon et percussions, composée par Jean-Claude Gengembre en hommage à Chostakovitch. Nous ne quittons donc pas cet illustre compositeur soviétique !

La Suite de jazz n°1 a été composée en 1934 à une époque où le jazz n'était pas encore honni en URSS, cette suite n'hésite pas à tendre vers le swing. L'orchestre de jazz originel est substitué ici par un alliage insolite d'instruments. En effet, le quatuor à cordes, l'accordéon et un vaste éventail de percussions. La valse initiale est un air assez connu, utilisé notamment en publicité. Il est tout à fait charmant ici d'entendre Philippe Bourlois marquer rigoureusement les trois temps caractéristiques de la valse à l'aide de son accordéon. Tandis que la richesse des percussions employées colore l'ensemble. Ils faut dire que les moyens déployés par Jean-Claude Gengembre sont colossaux ! Vibraphone, xylophone, castagnettes, tom-tom, cymbales, tambour de basque ! La Polka est quant à elle festive, souriante et les musiciens y sont très engagés. Dans le foxtrot, le quatuor se distingue. Cécile Agator au premier violon, Marc Desmons  à l'alto et un bel effet semblable au bourdon grâce au violoncelle de Renaud Guieu.

Changement de formation avec la DSCH Fantasy, il ne reste plus que le violoncelle, l'accordéon et les percussions. Après un propos liminaire de la violoniste Floriane Bonanni pour nous présenter l'oeuvre. Il s'agit d'une commande de la Filature musicale, tendant à dresser un portrait de Chostakovitch à pile ou face. Il est vrai que dans ses ouvres, un humour féroce voisine souvent avec une grande charge émotionnelle. En entrant dans le vif du sujet, on s'aperçoit que ce portrait de Chostakovitch est assez fidèle. On reconnait aisément des citations de la 5ème symphonie qui n'a pas son pareil pour alterner entre gravité et humour. Il y a également des échos de la suite de jazz. Mais aussi, un thème du cru de Gengembre qui lui aussi joue avec les lettre de son nom (GEGE). Le violoncelle amène des ruptures de ton. Mais ce qui étonne, c'est lorsque Jean-Claude Gengembre commence à se déplacer avec son triangle et que peu à peu, les trois musiciens quittent la scène dans un final inattendu ! Une oeuvre créée en 2017 qui est très intéressante et qui constitue un très bel hommage à Chostakovitch !

Enfin, de la musique de chambre plus conventionnelle avec ce quintette avec piano. Chostakovitch l'avait composé en 1940 afin d'avoir l'opportunité de jouer en compagnie du quatuor Beethoven, qui créera par la suite beaucoup de ses quatuors. Le quintette remporta même le prix Staline en 1941. Quintette en cinq mouvements, il annonce un peu la monumentale huitième symphonie qui arrivera plus tard. L'oeuvre s'ouvre sur un majestueux prélude et fugue. Le prélude est très lyrique et sombre, beaucoup de vibrato aux cordes et un phrasé élaboré. Le piano dialoguant de manière limpide successivement avec le violon 1 et l'alto. La fugue quant à elle expose lentement son sujet à chaque instrument dans des entrées successives pour autant de voix. Il s'agit d'un instant pastoral d'une richesse polyphonique assez grandiose, rendu fabuleusement par les musiciens. Le scherzo qui suit est vif, dansant. La mélodie est au piano et Koribenikov chante cela des mains avec beaucoup de grâce. Une belle construction, avec des transitions et des effets gérées de façon splendide, comme par exemple lorsque tout le monde se tait sauf le piano et le violon. L'intermezzo est un moment plus calme. Un vibrato maitrisé, de l'ampleur et beaucoup de chant au premier violon, le piano est quant à lui stable avec une main gauche solide qui soutient l'ensemble. Une grande charge émotionnelle traverse ce mouvement. En fin, pour le Finale, on a un piano serein qui gagne peu à peu en force tout au long de ce mouvement virevoltant. Après une salve d'applaudissement, les musiciens sont de retour pour donner le scherzo en bis, grand moment de partage et de virtuosité.

Philhar' intime est une forme de concert conviviale et vraiment riche dans ce qu'elle propose. Elle permet aussi d'assouvir sa soif de musique à des tarifs abordables. Un bien beau concert qui permet de voir au plus près le talent de tous ces musiciens.

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