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Publié par andika

L'orchestre Philharmonique de Radio France dirigé par Mikko Franck a donné en ce début d'année 2018 une intégrale des concertos pour piano de Beethoven. Cinq pianistes se sont ainsi succédé en quatre concerts. Celui qui nous intéresse maintenant est le dernier, avec le pianiste Bertrand Chamayou dans le concerto pour piano n°5 de Beethoven, "Empereur"

En plus de ce concerto, le programme a la bonne idée de nous offrir des raretés, ainsi le trio n°4 pour piano, clarinette et violoncelle en si bémol majeur de Beethoven a débuté la soirée suivie de la Symphonie n°3 en sol mineur de Louise Farrenc pour un apéritif assez copieux.

Tout a bien débuté avec un Beethoven de jeunesse, le trio étant dans son opus 11. Les timbres de ces trois instruments étant assez différents, la curiosité était à son maximum lorsque Bertrand Chamayou, Nicolas Baldeyrou à la clarinette et Eric Levionnois au violoncelle sont arrivés sur scène. Bertrand Chamayou est déjà impérial ici tant le piano domine, s'occupant de la mélodie et même de la ligne de basse dans l'allegro initial, les choses s'équilibrent ensuite dans l'adagio avec un violoncelle qui prend enfin les choses en main. Le son circule entre les instruments ainsi que les thèmes, le clarinette ne manquant jamais de reprendre une phrase du piano, le violoncelle ne s'attardant jamais trop dans les graves. Même si ces trois musiciens ne se regardent pas, il s'écoutent, et cela se ressent. Ils nous offrent un Beethoven jeune mais déjà si séduisant.

Le temps du changement de plateau passé, le chef fait enfin son irruption pour nous donner la symphonie. Une compositrice, française, quelle merveille. Tellement rare pour être signalé. La musique de Louise Farrenc est bien de son temps, 1849, en plein dans la période romantique. Symphonie très bien orchestrée, avec une prédominance des bois dans les deux premiers mouvements. Nicolas Baldeyrou à la clarinette et Olivier Doise au hautbois s'en donnent à cœur joie. Le premier mouvement est lent, aucun thème ne s'impose vraiment mais il y a une richesse mélodique qui fait que l'attention ne part jamais. L'adagio qui suit est pure merveille, la clarinette solo est encore ici exceptionnelle et les cordes chantent. Le Philhar' est en forme et cela s'entend. Les dynamiques sont fabuleuses et bien gérées, Mikko Franck oscillant entre la position assise et la position debout dirige de manière spectaculaire. L'ambiance change dans le scherzo où les cordes prennent enfin les choses en main. Une tension insoutenable avec des notes répétées, du staccato, du glisendo, une accélération du tempo vraiment étonnante après les deux premiers mouvements, l'illustration parfaite du Vivace noté sur la partition. Mais les bois ne sont pas en reste, notamment les flutes et bassons.  Le Finale est dans la même veine avec une intensité qui atteint un paroxysme assez étonnant vu le début de cette symphonie. Une belle découverte, une belle symphonie.

En revanche, avec le concerto Empereur de Beethoven, on arrive en territoire connu. (Une tribune des critiques de disques, ça ne s'oublie pas !)  Concerto composé pendant que Napoléon envoyait des coups de canon sur la ville de Vienne en 1809, l'état d'esprit de Beethoven, au fond de sa cave pendant qu'il écrivait, était assez guerrier. Cela s'entend et dès le début du premier mouvement, on ressent du caractère dans l'orchestre avec cette tonalité héroïque de mi bémol majeur, la mesure à 4/4 ! Le piano entre quant à lui arrive sur la pointe des pieds avec sa petite cadence mais cela ne dure qu'un temps, l'ensemble devient épique, assez guerrier. Le jeu de Chamayou est assez viril mais parvient à devenir très subtil lorsqu'il doit dialoguer avec les bois, il retrouve néanmoins toute l'étendue de sa force lorsqu'il fait face à tout l'orchestre.

L'adagio est quant à lui un grand moment. Mikko Franck déjoue les pièges et les clichés et parvient à avancer résolument tout en laissant respirer le son, tout en soignant les silences et les transitions, une vraie belle direction. Des cordes fabuleuses, avec juste ce qu'il faut de vibrato. De l'intensité, de l'émotion, toutefois, on aurait aimé que le piano chante davantage dans ces pages. Mais une fois de plus, le dialogue entre le soliste et la petite harmonie est de grande qualité. Sans transition, le rondo final arrive. Quel émerveillement, quel caractère, quel enthousiasme, quelle clarté au piano, quelle virtuosité, quelle qualité du dialogue entre l'orchestre et le soliste. Tour à tour guerrier et espiègle, ce final emporte tout sur son passage, surtout l'adhésion du public. Puis Bertrand Chamayou revint pour le bis après son ovation, généreux comme il l'est. Définitivement une bonne soirée grâce à cette belle impression du concerto empereur qui est si majestueux.

 

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