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Publié par andika

Pour ce concert, tout a commencé avec cette chronique de Christian Merlin sur France Musique. Et je me suis laissé convaincre par ses arguments, je n'aurais peut-être pas du...

Paris est sans doute la ville où la musique de Gustav Mahler est le plus jouée dans le monde de nos jours. C’est ainsi que la Symphonie n°6 en la mineur dite « Tragique » était de nouveau donnée ce lundi 16 octobre 2017 à la Philharmonie de Paris par l’Orchestre de Cleveland dirigé par Franz Welzer-Möst et ce, après les tentatives de l’orchestre de Paris en septembre de la même année et du LSO avec Rattle en janvier.

 

Dans un tel contexte, il est difficile de ne pas céder à la tentation de la comparaison et de ne pas être influencé par ce qui a pu déjà être entendu parfois très récemment.

 

Le maestro s’attaque à ce monument en prenant le taureau par les cornes en employant un tempo rapide fort à propos dans l’Allegro energico initial. L’ambiance est immédiatement étouffante, suffocante. Les cordes sont véloces, le son fluide et l’ensemble avance résolument même dans le thème d’Alma qui est censé être plus doux. Les pupitres se distinguent étonnement et donnent l’impression de tout entendre, notamment le célesta. Il se dégage une grande puissance de cet orchestre, qui se déchaine complètement dans les nombreux fortissimos que la partition offre. Même si tout ceci débute bien, l’inconstance de l’orchestre commence à poindre le bout de son nez. La fuite d’un percussionniste pour rejoindre la coulisse afin de jouer des cloches symbolise le début d’une sorte de délitement du son. L’intensité du début ne se maintient pas, la caisse claire porte bien mal son nom.

Ainsi, placer l’Adante en II dans ce contexte semble être rédhibitoire, malgré la douceur incroyable des cordes, un tempo bien adapté, un équilibre global satisfaisant, un hautbois solo sublime, un cor anglais magnifique, un cor solo soyeux, l’ensemble ne maintient pas le niveau d’excellence en avançant, de sorte qu’il est possible de parler d’inconstance. Tout cela manque simplement d’émotion et c’est dommage dans de telles pages.

Le Scherzo frappe quant à lui immédiatement par sa trop grande rapidité. Les cordes graves jouent trop fort et on perd malheureusement de vue tous les solistes. Le trio manque de cohérence et ne grince pas comme on pourrait s’y attendre chez Mahler. Sans doute à cause de clarinettes un peu quelconques. Nulle ironie, les instruments semblent avoir perdu de leur piquant en traversant l’Atlantique, à moins que ce ne soit l’usage dans les lointaines contrées d’Amérique. L’arythmie caractéristique de ce mouvement devient un simple désordre assez décevant dans l’exécution de l’orchestre.

Dans le Finale, on entend enfin les deux harpes qui semblaient un peu perdues au milieu de cet immense orchestre. Mais des choix de tempi malheureux gâchent l’ensemble. Toujours des problèmes pour entendre les solistes, et le seul à peu près valable de la soirée est le hautbois, le premier violon étant lui un peu à part, tellement ses solos sont mis en valeur. Les nuances ne sont pas maitrisées et on se rend compte à quel point il est difficile pour un orchestre de passage à la Philharmonie d’appréhender les particularités de cette salle. Les fortissimos sont devenus au fur et à mesure assez désagréables. Le fracas des coups de marteau ne faisant que troubler encore un peu plus l’oreille des spectateurs. Pour prendre une métaphore liée à la boxe anglaise, l’orchestre donnait certes des coups mais ces derniers n’étaient pas ajustés, et c’est bien dommage.

Ce concert peut se résumer en un mot, l’inconstance. La direction de Franz Welzer-Möst ne manque pas d’ambition, de bonnes idées. L’orchestre de Cleveland ne manque pas de qualité, lui qui semble encore jouer dans l’ombre de George Szell, mais malheureusement, à chaque bonne idée en succédait une moins bonne de sorte que l’impact global de la symphonie en a été un peu atténuée. Berg parlait pourtant de seule sixième en dépit de la Pastorale. Schoenberg parlait de symphonie parfaite. Theodore Adorno quant à lui en évoquant le Finale disait « Tout est mal qui finit mal. » C’est un peu ce qui s’est passé lors de cette soirée mais pas pour les bonnes raisons.

Alors je ne sais pas si ces musiciens étaient venus faire du tourisme à Paris et avaient du coup moins envie de travailler le soir, mais il faut dire que c'était nettement mieux avec l'Orchestre de Paris en septembre dernier.

 

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